Croissance décevante du PIB français au troisième trimestre

C'est une statue que le gouvernement pourrait ériger au consommateur français. Au vu des chiffres de la croissance publiés ce matin par l'Insee, +0,2% au troisième trimestre, on s'aperçoit que c'est bien le refus des ménages de couper dans leurs dépenses qui soutient l'activité. En effet au troisième trimestre, les dépenses de consommation des Français ont accéléré à +0,7%, après +0,4% au second trimestre. On peut peut-être y voir d'une part les conséquences de l'effet d'annonce sur les réductions d'impôts et d'autre part l'impact positif de la relative résistance du marché de l'emploi. Au troisième trimestre, l'emploi salarié a progressé de 0,2% sous l'impulsion des services et de la construction. A côté de la contribution positive de la consommation (0,4 point), on peut noter également l'apport du commerce extérieur (+0,3 point), les exportations ayant été supérieures aux importations durant le trimestre. Mais le véritable point noir de ces statistiques, c'est une fois de plus l'investissement des entreprises, qui décroît pour le deuxième trimestre consécutif, à -0,8% après -0,5%. L'investisssement total (entreprises plus ménages) se replie de 0,9% et ampute le PIB de 0,2 point.Cette hausse de 0,2% du PIB au trosième trimestre, inférieure aux attentes des économistes, laisse présager des lendemains qui déchantent pour l'économie française. Pour ce qui est du quatrième trimestre, de nombreux économistes anticipent un ralentissement accru de la conjoncture. Le gouvernement ne se fait d'ailleurs guère d'illusions. Mercredi, le ministre délégué au Budget a estimé que la croissance en 2002 devrait être de 1%. Ce scénario d'une dégradation repose d'une part sur l'hypothèse que les entreprises ne vont pas reprendre de si tôt la voie de l'investissement. Les dernières enquêtes de l'Insee font état d'un rebond des dépenses des entreprises dans ce domaine aux environs de la mi-2003 seulement. D'ici là, les chefs d'entreprises seront tentés d'améliorer leur situation financière - endettement, capacité d'autofinancement, marges bénéficiaires... -, ce qui pourrait accroître les tensions sur l'emploi et donc sur la consommation.Cette dernière, après avoir montré des signes de faiblesse en septembre, a rebondi en octobre comme en témoignent les chiffres des dépenses de consommation des ménages en produits manufacturés (+1%). Quasiment dernier moteur de la croissance, la consommation va-t-elle tenir le choc ? "Tout dépendra du comportement des entreprises, si elles licencient massivement ou pas", affirme Xavier Timbeau, économiste de l'OFCE, qui s'attend plutôt à une détérioration du marché du travail. Tout dépendra également de l'utilisation que feront les consommateurs des baisses d'impôts décidées par le gouvernement pour 2002 et 2003. Ce pouvoir d'achat supplémentaire sera-t-il dépensé ou viendra t-il gonfler un peu plus l'épargne des Français ?La vitalité et le timing de la reprise en France seront donc déterminés à la fois par les réponses à ces questions mais aussi par la politique de la Banque centrale européenne (BCE). Une baisse du loyer de l'argent à brève échéance, d'ailleurs anticipée par les marchés, pourrait non seulement permettre de réduire le coût du crédit mais aurait aussi le mérite de dégager un peu l'horizon des chefs d'entreprises français, actuellement très frileux, et de les inciter à investir. Dans ce cas de figure, une accélération de la croissance à compter de la moitié de l'année prochaine avec un raffermissement lors de l'exercice suivant peut être envisagé, estimait hier le chef économiste de l'OCDE. Selon lui, la croissance du PIB dans l'Hexagone pourrait être de 2,9% en 2004. Mais toutes ces constructions théoriques pourraient bien s'effondrer, en cas de conflit en Irak ou de nouvelle tempête sur les marchés boursiers.
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