La Fed laisse ses taux inchangés

Depuis le début de la semaine, les marchés étaient fébriles, dans la perspective du comité de la Fed qui vient de s'achever. A l'issue de cette réunion, la Réserve fédérale a confirmé les attentes des investisseurs. Comme prévu, le principal taux américain, le taux interbancaire au jour le jour, reste inchangé à 1,75%. Cette décision a été prise à l'unanimité des membres du comité de la Fed. Mais les attentes des marchés se focalisaient surtout sur la déclaration accompagnant cette annonce. Dans cette déclaration, la Fed donne traditionnellement son point de vue sur les perspectives d'évolution de l'économie, ce qu'on appelle son "biais" (bias). Jusqu'ici, et depuis décembre 2000, son "biais" était "easy", c'est-à-dire que la Fed considérait que les risques étaient d'abord du côté des conditions de la croissance, ce qui impliquait une politique monétaire souple pour favoriser cette dernière.Désormais, le "biais" de la Fed est "neutre", ce qui signifie que la banque centrale américaine estime désormais que le risque d'une reprise de l'inflation est équivalent à celui d'un affaiblissement de l'économie. Selon le communiqué de la Réserve fédérale, l'économie américaine "croît désormais à un rythme soutenu", mais la Fed considère que la "force de la demande finale, qui est un élément déterminant pour soutenir l'expansion économique, demeure incertaine". En résumé, la Fed attend maintenant de voir comment la situation économique évoluera pour prendre une décision sur les taux. Ce qui ouvre la porte à une remontée à terme des taux d'intérêt.Toutefois, certains économistes considèrent que cette hausse des taux n'est pas imminente. Pour Paul Cherney, analyste chez S&P à New York, interrogé par Reuters, "la Fed ne changera pas sa position avant que la situation économique ne s'améliore, c'est-à-dire que les bénéfices des entreprises ne s'améliorent".Cette modification de la politique monétaire de la Fed fait suite à une série d'indicateurs montrant que le rebond américain est engagé à un rythme plus soutenu que prévu depuis le début de l'année. Ces bonnes nouvelles s'étaient accompagnées voici dix jours d'une déclaration d'Alan Greenspan, le président de la Fed, qui avait affirmé devant une commission du Sénat que la "reprise était engagée".Cette remise en route de la machine économique américaine pousse naturellement la Fed à la prudence. Elle doit maintenir les taux d'intérêt à un niveau bas afin de ne pas enrayer la reprise qui, pour certains économistes, est loin d'être certaine et dont la vigueur réelle est encore inconnue. Ainsi, l'investissement n'est pas encore reparti outre-Atlantique et les stocks sont loin d'être vides. En outre, le taux annuel d'inflation, de 1,1% en janvier, limite le risque de flambée des prix et n'empêche pas de conserver des taux bas.A l'inverse, la Fed entend promouvoir une croissance solide et saine, ce qui suppose de surveiller tout accès de fièvre. Si l'économie américaine s'emballe avec des rythmes annuels de croissance autour de 5%, les prix risquent de remonter, tirés notamment par les importations. La Fed devra alors être prête à relever ses taux pour modérer l'inflation.Pour les observateurs les plus prudents, comme le prix Nobel Joseph Stiglitz qui s'exprimait hier à Hong Kong, le rebond américain devrait être modéré et les taux ne devraient pas bouger avant septembre. Il n'en reste pas moins que bon nombre d'économistes, voyant que les derniers indicateurs sont pratiquement tous supérieurs aux consensus, commencent à penser que le deuxième scénario, celui de l'emballement de l'économie, est le plus probable. Ainsi, Morgan Stanley et Salomon Smith Barney ont considéré hier qu'un rythme annuel de croissance de 5% dès le second trimestre 2002 était possible. En conséquence, les investisseurs prévoient une remontée des taux américains avant l'été. Ce qui n'est pas pour réjouir les marchés. Des taux plus élevés défavorisent les actions par rapport aux obligations. De plus, le nouveau "biais" de la Fed pourrait provoquer dès maintenant une hausse du coût de l'argent pour les consommateurs et les entreprises. Une hausse qui pourrait modérer la demande et ralentir, dès à présent, la reprise.En réaction à cette annonce, les marchés américains ont réduit leurs gains. Le Dow Jones gagnait 0,74% à 14h15, la hausse est devenue plus modérée à 14h45 à +0,42%. Toutefois, cette décision de la Fed a déjà été largement anticipée la semaine dernière par les marchés et son impact devrait être limité. Ainsi, Carl Tannenbaum, économiste à la banque Lasalle de Chicago, interrogé par Reuters, "ne pense pas que cette annonce ait un impact sur les marchés". latribune.f
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