Le gouvernement décidé à ouvrir le capital des entreprises publiques

Comme elles l'avaient annoncé, les fédérations syndicales des industries électriques et gazières (IEG) ont mobilisé en force aujourd'hui. Selon la CFTC et la CGT, environ 80% des électriciens et gaziers du secteur ont respecté le mot d'ordre de grève. A Paris, selon les syndicats, plus de 60.000 personnes ont défilé dans les rues de la capitale pour cette "journée de défense des services publics". Aux salariés d'EDF et de GDF, largement majoritaires dans le cortège, sont venus se joindre des employés d'Air France, de la SNCF, de la RATP, de la Poste, de France Télécom et de la Snecma. Les organisations syndicales d'EDF et de GDF ont déclenché ce mouvement afin de dire au gouvernement leur opposition à une éventuelle privatisation de leur entreprise. Selon elles, la future ouverture du capital de ces groupes ferait peser une menace à la fois sur les statuts des personnels et sur les régimes de retraites (lire article ci-contre). Soucieux de ne pas voir ce mouvement se généraliser - le souvenir des manifestations de 1995 est dans toutes les mémoires - le gouvernement, par l'entremise du ministre de l'Economie et de la ministre de l'Industrie, a entendu les revendications des syndicats. Ce matin, avant le début de la manifestation, Francis Mer et Nicole Fontaine ont rencontré les responsables de l'ensemble des fédérations syndicales des IEG. Les ministres n'ont visiblement pas convaincu leurs interlocuteurs puisqu'à l'issue de ces entretiens, un responsable syndical cité par l'AFP avait ce commentaire : "c'est affligeant et inquiétant, et il n'y a pas eu d'annonces". De fait, le gouvernement semble décidé à jouer la fermeté. Dans un communiqué, Bercy a en effet rappelé son souhait de donner à EDF et GDF "les moyens de poursuivre leurs projets de développement industriel grâce à une ouverture minoritaire du capital". Cette privatisation partielle "ne pourra avoir lieu qu'après le changement de forme juridique des entreprises concernées et lorsque les conditions du marché le permettront", est-il précisé dans le communiqué du ministère de l'Economie. Néanmoins, et afin de ne pas jeter de l'huile sur le feu, les pouvoirs publics soulignent "l'attachement du gouvernement aux missions de service public, notamment à la péréquation tarifaire, à la solidarité envers les plus démunis, et à la sécurité d'approvisionnement".  Les ministres ont par ailleurs indiqué qu'il "convient de pérenniser" le régime spécifique des retraites de la branche qui "doit recevoir les garanties nécessaires". En conséquence, poursuit le communiqué, les pouvoirs publics "demandent aux partenaires sociaux de leur présenter les propositions de réformes juridiques et financières permettant de garantir les financements des retraites, leur système de gestion spécifique, l'égalité de traitement entre les agents actifs comme inactifs, le respect des droits acquis et l'équité entre les différentes entreprises de la branche des IEG".Le gouvernement ne fait pas mystère de son intention d'ouvrir le capital ou de cesser d'être le principal actionnaire d'un certain nombre d'entreprises publiques. Le dossier le plus avancé est celui d'Air France où l'Etat entend faire passer sa participation sous la barre des 20% (contre 54,4% aujourd'hui). Les pouvoirs publics, outre qu'il leur faudra vaincre l'opposition de certains salariés, devront peut-être aussi patienter en raison des médiocres conditions de marché. En effet, l'action Air France affiche une chute de plus de 56% depuis le début de l'année à 7,19 euros. Dans de telles conditions, c'est à peine 550 millions d'euros qui rentreraient dans les caisses de l'Etat.
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