Chirac "président absolu", selon la presse européenne

Au lendemain de la victoire de la droite aux élections législatives françaises, la presse européenne relève le retour de l'Hexagone au système de la "monarchie républicaine". Partout, on note que Jacques Chirac possède un pouvoir d'une ampleur inédite. Ainsi, le quotidien bavarois Sueddeutsche Zeitung considère que "jamais dans l'histoire de la Vème république un président n'a disposé d'autant de pouvoirs", tandis que La Libre Belgique considère que la France "a donné les pleins pouvoirs à Chirac". Pour le journal madrilène El Pais, "Chirac s'est mué en président absolu pour les cinq années qui viennent". Une situation qui, selon le quotidien autrichien Kurier, est "sans équivalent en Europe de l'Ouest", et qui est résumée par cette formule du quotidien suédois Aftonbladet : "Plus de pouvoir pour l'empereur Chirac". Plus généralement, The Guardian voit désormais en Jacques Chirac "L'homme fort de l'Europe".Pour beaucoup d'observateurs européens, cette victoire s'explique avant tout par le rejet de la cohabitation. Pour le journal belge Le Soir, "la Vème république est remise à l'endroit". La Repubblica note que les Français ont fait le "choix de la stabilité". La Tribune de Genève remarque que ce vote marque la fin de "l'incohérence institutionnelle". Evidemment, l'Europe note également que cette victoire du président de la République est une lourde défaite pour la gauche. Pour le Berliner Zeitung, celle-ci est désormais "en morceaux" et ne présente plus de danger pour l'Elysée. Pour le journal viennois Der Standard, l'erreur de la gauche a été de "sous-estimer Chirac". Mais la victoire de la droite ne cache pas la désaffection des Français pour la politique et un taux d'abstention record. Pour le quotidien grec Ta Nea, "la droite et l'abstention ont vaincu", tandis que le quotidien danois Politiken considère que les électeurs français ont "tourné le dos à la démocratie". Que faire de cette victoire ? C'est la question que se posent de nombreux journaux européens. Pour la presse britannique, il s'agit d'entamer rapidement des réformes économiques. The Times cite notamment la réforme du système de retraite, de l'administration ou des 35 heures. Pour The Independent, la libéralisation du marché de l'emploi sera une chose positive pour la France et pour l'Europe dans son ensemble. Reste que cette même presse britannique demeure sceptique quant à la capacité du nouveau gouvernement à engager ces réformes. Pour The Times, le "vrai test pour Jean-Pierre Raffarin" interviendra quand il entreprendra "des impopulaires réformes de l'Etat". The Independent, lui, craint que le gouvernement ne tourne le dos au libéralisme sous la pression de l'extrême-droite. Pour El Pais, le vrai défi de Jean-Pierre Raffarin est "de chasser les démons des Français et de sortir le pays de la dépression dans laquelle il est tombé sans raisons objectives". Un défi d'autant plus risqué que, selon La Libre Belgique, "il n'y aura pas d'état de grâce". Parmi les réactions de chefs d'Etat étrangers, on notera celle du gouvernement espagnol, qui assure actuellement la présidence de l'Union européenne. Josep Piqué, ministre espagnol des Affaires étrangères, s'est félicité que les Français "aient voté très clairement pour la cohérence et pour la fin de la cohabitation". Il s'est aussi réjoui de la défaite du Front national. "Le FN n'a aucun siège : c'est une bonne nouvelle", a-t-il salué. En Autriche, le chancelier Wolfgang Schlüssel, qui gouverne avec les extrémistes de droite du FPÖ de Jörg Haider, a félicité Jean-Pierre Raffarin. "En un temps record, vous avez su gagner la confiance de la majorité absolue du corps électoral et obtenu un mandat clair pour la prochaine législature", a-t-il remarqué. Pour le Premier ministre luxembourgeois, le conservateur Jean-Claude Juncker, avec la victoire des droites dans la plupart des pays européens, "la construction européenne va mieux se faire que ces dernières années". "Il ne faut pas appartenir à un parti social-démocrate pour construire une Europe sociale", a-t-il affirmé. A gauche, les leaders restent discrets. Le dirigeant italien Francesco Rutelli, ancien maire de Rome, a cependant remarqué que l'élection française montrait deux éléments importants par rapport aux dernières consultations : "le renforcement du bipartisme et l'impossibilité d'une coalition politique autour de Jean-Marie Le Pen". Le gouvernement allemand, lui, s'est contenté d'un communiqué en fin de matinée où il a rappelé sa volonté de faire en sorte que "tous les pays de l'UE respectent leurs engagements budgétaires pour 2004".
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