Moins d'inflation, davantage de déficit commercial pour les Etats-Unis

Comme l'a affirmé Alan Greenspan mercredi dernier, les Etats-Unis ne sont pas menacés par l'inflation. Les chiffres publiés aujourd'hui le prouvent clairement. L'indice des prix à la consommation (CPI) du mois de juin n'a ainsi progressé que de 0,1% sur un mois après un mois de mai stable. Sur un an, la progression des prix américains n'est que de 1,1%.La preuve la plus éclatante de l'inexistence d'un quelconque risque d'inflation est la très grande sagesse en juin du "core-CPI" (qui exclut les prix, fortement soumis aux variations saisonnières, de l'énergie et de l'alimentation). La hausse de 0,1% en juin de cet indice est inférieure à la progression de mai (+0,2%) et est la plus faible depuis la fin de l'année dernière. Même si le core-CPI annualisé atteint 2,3%, il n'y a donc aucune raison de croire à une vraie reprise de l'inflation dans les mois qui viennent.En juin, les prix des appareils domestiques ont chuté de 0,9%, ceux des activités de loisirs de 0,3%. Des évolutions qui traduisent incontestablement un véritable affaiblissement de la demande. Une évolution qui fait déjà craindre à certains un risque de déflation et de "scénario catastrophe" à la japonaise alliant taux bas, prix en baisse et demande en berne. Mais nous en sommes encore loin et, dans l'immédiat, la seule conclusion qu'il est possible de tirer de ce chiffre de l'inflation est que la reprise américaine actuelle est saine. C'est sur cette conclusion que c'est appuyé Alan Greenspan pour défendre l'immobilisme de la Fed. Le relèvement des taux n'interviendra que lorsque tous les risques portant sur la croissance auront disparu.En fait, ce chiffre était peu attendu par des marchés pour qui l'inflation est un problème secondaire actuellement. En revanche, le chiffre du déficit commercial américain publié également aujourd'hui était nettement plus attendu en raison de la pression baissière qui s'exerce actuellement sur le dollar. Or, les analystes attendaient un léger mieux pour le déficit commercial américain et on assiste en fait à un creusement. De 35,94 milliards de dollars en avril, il passe à 37,64 milliards de dollars en mai, soit une hausse de 4,7%. Cette hausse est en grande partie due à l'importante hausse des importations qui augmentent de 1,8%. Les exportations, elles, ont progressé de 0,75% à 80,6 milliards de dollars. En fait, l'économie américaine se montre incapable de satisfaire seule la demande des consommateurs d'outre-Atlantique. Les importations sont donc principalement en hausse dans le domaine des biens de consommation (+600 millions de dollars) et dans celui de l'automobile (+900 millions de dollars). Ces augmentations sont intervenues malgré la nette baisse de la consommation américaine en mai, ce qui montre que le déficit commercial américain pourrait encore s'accroître en cas de reprise.D'autant que les entreprises américaines ont vu leurs capacités d'exportation baisser. Une baisse qui s'explique sans doute par l'atonie de la conjoncture dans le reste du monde, en particulier au Japon et en Europe. De fait, le déficit américain avec l'Europe a progressé de 16,7% à 8,4 milliards de dollars, notamment grâce aux ventes de voitures.Le chiffre du déficit commercial va évidemment accentuer la pression sur le dollar face à l'euro. La monnaie unique s'est solidement installé hier au-delà de 1,01 dollar. A l'annonce de ce déficit plus important que prévu, la pièce bicolore est passée de 1,013 à 1,016 dollar, soit une hausse de 0,3%. Cette remontée a été tempérée par le fait que ce creusement du déficit commercial montre une certaine bonne forme de l'économie puisque la demande continue à augmenter. La baisse du dollar risque d'ailleurs d'avoir l'effet inattendu de réduire le déficit américain à moyen terme en favorisant les exportations et en réduisant les importations.
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