Le chômage marque une pause... avant de repartir ?

Les chiffres publiés ce matin laissent entrevoir à une éclaircie entre deux perturbations. Alors que l'on s'attendait à une nouvelle dégradation du marché du travail en septembre, les statistiques diffusées par le ministère des Affaires sociales montrent que le chômage a fait une pause en France en septembre, restant stable à 2.278.800 personnes par rapport à août après avoir régulièrement augmenté depuis juin 2001. Le taux de chômage au sens du BIT se maintient à 9% de la population active pour le quatrième mois consécutif. Un point ne fait pas une tendance, mais cette résistance au moins momentanée du marché du travail semble avoir alimenté la confiance des Français. Pour la première fois depuis quatre mois, le moral des ménages s'est redressé en octobre passant de -18 à -16, niveau qui reste néanmoins assez bas. Ce léger mieux s'explique notamment, selon Philippe Waechter, chef économiste chez Banque Populaire Asset Management, par " une meilleure perception de l'évolution du chômage et un sentiment plus positif sur l'évolution des prix" ce qui selon lui se traduit par "une stabilisation des perspectives de niveau de vie qu'elles soient personnelles ou globales car cela est favorable au pouvoir d'achat".Cette vision plus positive peut certes à court terme être un soutien à la consommation, ce qui fait d'ailleurs dire au Premier ministre que "la route de l'espoir est ouverte". Mais Jean-Pierre Raffarin se déclare tout de même "très prudent" pour les mois à venir. En effet il faut bien se garder de tout triomphalisme. Les statistiques sur le moral des ménages nous enseignent que les Français sont aussi très sensiblent à l'opinion qu'ont les chefs d'entreprises sur la conjoncture. Or pour le coup, celle-ci n'est pas bonne. Dans les entreprises, la production recule, les carnets de commandes se réduisent (lire ci-contre) et les industriels, déprimés, ne parient pas sur un rebond rapide de l'activité. Dans ce contexte, on peut craindre de nouveaux ajustements notamment sur l'emploi. C'est particulièrement vrai ces derniers jours avec la fermeture d'Yves Saint Laurent Haute Couture et l'annonce de plans sociaux chez Olympia (chaussettes) ou Air Lib.Pas question, donc, de crier victoire. Tout d'abord parce que la tendance générale sur le front de l'emploi n'est pas bonne : sur un an, par rapport à septembre 2001, le chômage a progressé de 6,7% et le nombre de licenciements économiques a augmenté de 40.000 au premier semestre, à 150.000. Ensuite parce que la conjoncture ne montre pas véritablement de signe de reprise. Le contexte international (ralentissement attendu aux Etats-Unis pour le quatrième trimestre, faiblesse des partenaires commerciaux européens de la France, Allemagne en tête, risques géopolitiques...) ne plaide d'ailleurs pas en faveur d'un redémarrage de l'activité dans l'Hexagone. A l'heure actuelle, de nombreux observateurs s'interrogent d'ailleurs sur la validité de l'hypothèse de croissance retenue par le gouvernement, +2,5% en 2003. Une détérioration continue du marché du travail devrait finir par saper le moral des ménages et, par voie de conséquence, par les inciter à réduire leur consommation. L'économie française serait alors privée de son principal moteur.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.