La France au ralenti

La France ne fait pas exception à la règle. Le ralentissement de l'activité, sensible dans de nombreux pays européens, est aussi une réalité hexagonale. Les statistiques publiées ce matin en témoignent. L'Insee a ainsi revu en baisse de 0,1 point la croissance française pour le deuxième trimestre, la ramenant à 0,4%. Comme parallèlement, les économistes de l'institut ont révisé en hausse de 0,1 point la croissance du premier trimestre à 0,6% la sensation d'un net coup de frein de l'activité se trouve confirmée. Ce ralentissement n'est pas propre à la France. Hier, la BCE a bien souligné que l'ensemble de la zone euro est en proie au doute. Consommateurs et entreprises s'interrogent, compromettant fortement le rebond espéré en 2002. La morosité de la conjoncture internationale et la déroute des marchés boursiers ne contribuent pas à rassurer les acteurs économiques français. Et tout cela se traduit dans les échanges exérieurs. En août, exportations et importations ont reculé, respectivement de 4,1% et 2,3%. Certes, la France a dégagé un solde positif de 1,588 milliards d'euros, portant l'excédent sur les huit premiers mois de 2002 à 8,6 milliards d'euros, mais les échanges se contractent. Sur douze mois, les exportations reculent de près de 4%, notamment sous l'effet d'un net ralentissement des ventes outre-Atlantique. Quant aux importations, elles cèdent encore plus de terrain puisqu'elles chutent de 6,7% sur un an, un recul plus marqué encore pour les produits agroalimentaires et les diverses branches des biens d'équipements.Consciente de la fragilité de la situation, l'Insee avait d'ailleurs indiqué au début du mois, que la croissance française ne dépasserait pas 1% cette année, alors qu'en juin dernier ses économistes tablaient encore sur 1,4%. Ce 1% serait le plus faible taux de croissance depuis neuf ans, selon l'institut, qui y voit "la traduction d'un environnement instable depuis dix-huit mois". Et ce taux pourrait encore baisser si une crise en Irak faisait augmenter brutalement le prix du pétrole.L'inflation reste maîtrisée Dans ce sombre tableau statistique, un point encourageant néanmoins : les prix. Ils ont augmenté de 0,2% en septembre par rapport au mois précédent, et de 1,8% par rapport à septembre 2001, restant ainsi sous le seuil des 2% fixés par la Banque centrale européenne. La progression de septembre, souligne l'Insee, est principalement due à "la hausse habituelle des prix de l'habillement et des chaussures" après les soldes. Elle est également le résultat de "la poursuite du renchérissement des produits pétroliers et à la remontée saisonnière des prix des produits frais". Mais l'inflation en France est restée maîtrisée en septembre grâce au "recul des prix des transports et communications et des autres services, essentiellement pour des raisons saisonnières", selon l'INSEE, qui note aussi "le premier repli, depuis le début de l'année, des prix des services de santé". "A cela s'ajoute une baisse remarquable des prix de l'alimentation hors produits frais, principalement due à un fort recul des prix des viandes". Cette relative sagesse des prix ne devrait donc pas inhiber le désir de consommer des ménages, à condition que ceux-ci ne se sentent pas menacés dans leur emploi mais aussi qu'ils fassent confiance aux statistiques. Car, comme l'a relevé ce matin Jean-Claude Trichet sur France 2, "les consommateurs ont de réelles inquiétudes en ce qui concerne la stabilité des prix". Pour le gouverneur de la Banque de France, les Français "ont le sentiment que l'inflation est repartie. Nous (à la BCE) croyons que cette impression est fausse". La restauration de la confiance des consommateurs est essentielle dans la mesure où ce sont les ménages, par leurs achats, qui forment aujourd'hui le dernier pilier de l'activité.
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