Risque de pénurie pétrolière en cas de guerre en Irak, selon les experts américains

Perspective d'une intervention américaine en Irak, grève générale au Venezuela... tout pousse les intervenants du marché à acheter du pétrole. Résultats : les cours ont progressé de plus de 30 % ces six dernières semaines. Mardi, à la veille de Noël, les cours du Brent se sont ainsi établis à leur plus haut niveau depuis trois mois (lire ci-contre).Et si la situation allait encore empirer, et provoquer une tension extrême sur le marché pétrolier ? C'est ce qu'analyse une étude d'experts pétroliers américains publiée ce jeudi 26 décembre. Selon Energy Intelligence Group (EIG), un bureau d'études basé à New York, une guerre contre l'Irak pourrait provoquer une tension extrême sur le marché pétrolier au premier semestre 2003 ou, au contraire, se traduire par un effondrement des cours dès la fin de l'hiver, selon qu'elle éclate en janvier ou en mars 2003.Cette étude évalue les risques de pénurie et distingue deux scénarios, dont l'un est particulièrement sombre.Le scénario le plus catastrophique pour les pays consommateurs serait qu'une guerre débute en janvier alors que l'industrie pétrolière du Venezuela est toujours paralysée. Dans cette hypothèse, la production pétrolière irakienne pourrait s'arrêter complètement en février. Cette suspension pourrait durer jusqu'en juin en cas de prolongation inattendue du conflit, estiment les experts. Toujours dans ce scénario noir, les exportations du Venezuela ne reprendraient graduellement qu'à la fin de février, en raison des difficultés de relance de la production, après un arrêt prolongé lié à la grève générale dans ce pays entamée le 2 décembre. Toujours selon ce scénario, l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (Opep) devrait intervenir avec force pour combler le manque de pétrole, et augmenter sa production bien au-delà du plafond de 23 millions de barils par jour, fixé en décembre. La perte combinée du pétrole irakien et vénézuelien, de l'ordre de 5 millions de barils par jour, vers le milieu du premier trimestre, entraînerait alors une tension extrême sur le marché mondial. Mais l'offre supplémentaire fournie par l'Opep et par les stocks commerciaux serait à même d'assurer une certaine stabilité à un marché tendu et de répondre à la hausse de la demande pour la période d'hiver. Le marché resterait toutefois extrêmement vulnérable à la perception de toute menace militaire ou terroriste dirigée contre des installations pétrolières dans des pays producteurs voisins de l'Irak, durant la période d'hiver ou même au printemps. L'éventualité de troubles ou de changement de régime dans un pays producteur clé du Proche-Orient accroîtrait encore plus les risques et ferait flamber les prix, poursuit l'étude. Les pays consommateurs seraient alors amenés à puiser dans leurs réserves stratégiques pour éviter une rupture physique de l'approvisionnement. Le deuxième scénario de l'Energy Intelligence Group examine l'impact d'une guerre-éclair débutant en mars et s'achevant en mai. Elle conduirait à une perte de la production pétrolière irakienne pour une brève période. Dans le même temps, un règlement du conflit serait intervenu au Venezuela, avec une reprise des exportations courant janvier. L'Opep, pour sa part, respecterait ses quotas de production, le marché n'ayant aucun besoin de pétrole supplémentaire. Un tel scénario entraînerait un excédent de l'offre et la constitution de stocks au premier trimestre, qui commenceraient à peser sur le marché en mars et avril, au moment où la demande pétrolière baisse de façon saisonnière. Ceci provoquerait un effondrement des prix qui ne pourrait être freiné que par une fermeture des vannes de la part de tous les producteurs, Opep et non membres de l'organisation. D'autres facteurs peuvent atténuer les conséquences de ces scénarios, estime l'étude, en citant les variations des prix du brut, la production des pays non membres de l'Opep ou la croissance de la demande.
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