Bye bye la Bourse...

La vogue du "P to P" (prononcez pitoupi) pour "public to private", qui désigne le fait pour une entreprise de se retirer de la cote pour retourner aux mains d'intérêts privés, fait des ravages à la Bourse de Paris depuis déjà plusieurs mois et le rythme des sorties semblent s'accélérer. Jeudi dernier, les Galeries Lafayette ont annoncé leur intention de lancer une offre de retrait obligatoire sur leur filiale le BHV. Le lendemain, Suez annonçait la vente de son bloc de contrôle dans Labeyrie au fonds scandinave Industri Kapital, qui envisage de le retirer de la cote, comme il l'a fait l'an dernier avec Fives-Lille. Début mars, c'était le néerlandais Kruidvat qui avait déposé son OPR sur la chaîne de parfumeries Nocibé, qu'il contrôlait pourtant déjà à plus de 98% depuis 1998 ! Tout cela tient-il vraiment du hasard ? Difficile à croire car la liste est longue, entre les grands groupes désirant contrôler leurs filiales à 100% (Saint-Gobain et Lapeyre, Valeo et Sylea, l'allemand MG Technologies et Safic-Alcan), les chefs d'entreprise écoeurés de la sous-valorisation chronique de leur société et les fondateurs souhaitant régler "en coulisses" les problèmes de successions (Rouleau Guichard, Fragrantia, Piscines Waterair, CMM Industries, etc). L'hémorragie est-elle grave, docteur Euronext ? L'entreprise de marché pourrait s'inquiéter de voir autant de sociétés déserter sa cote, ce qui sera autant de commissions en moins qui lui seront versées. En réalité, elle est indirectement responsable de ce sauve-qui-peut général. Que ce mouvement de mode soit concomitant de la création des segments Next Economy et Next Prime destinés à mettre en valeur les "premiers de la classe" des small caps, n'est pas le fruit du hasard. Dans un environnement économique plus difficile, la perspective de devoir payer plus encore que les 150 à 280.000 euros annuels que coûte en moyenne à une PME le fait d'être cotée a dû achever de décider plus d'une société déçue de son cours de Bourse. Pas de péril en la demeure Euronext donc ? L'entreprise de marché, qui ne peut opérer de son propre chef ce type de coup de balai, s'offre un nettoyage en règle de sa cote, débarrassée de valeurs au flottant ridicule. Heureusement, un peu de sang neuf va venir ranimer la cote : après Sword au Nouveau marché et la privatisation des Autoroutes du sud de la France, Alain Afflelou entrera bientôt au Second marché, en attendant la mise en Bourse d'Eutelsat avant la fin de l'année.
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