C'est une très grosse déception : l'indice composite d'activité du secteur manufacturier aux Etats-Unis, calculé par le groupement national des directeurs d'achat des entreprises du secteur (ISM), est resté inchangé à 50,5 en août contre 50,5 en juillet, a annoncé mardi l'association professionnelle. Les économistes s'attendaient à une hausse comprise entre 50,8 et 51,8.Cette mauvaise performance a fait aussitôt réagir fortement les marchés. En fin d'après-midi, le Dow Jones et le Nasdaq perdaient aux environs de 3%. Le CAC 40 a également plongé, clôturant en perte de 4,47%. Sur le marché des changes, l'euro a profité de cette mauvaise nouvelle pour l'économie américaine, passant de 0,9922 juste avant l'annonce à 0,9962 dollar en fin d'après-midi. La monnaie européenne avait repassé la barre des 99 cents dans la matinée pour la première fois depuis fin juillet.Commentant la publication de son indicateur, l'économiste de l'ISM a affirmé que "si ce chiffre est pris en perspective sur l'année, nous avons maintenant sept mois de croissance modeste. L'indice composite pour août à 50,5 montre que la situation du secteur manufacturier s'est toutefois améliorée par rapport à juillet". Un indice en dessous de 50 dénoterait une phase de contraction économique.Phénomène le plus inquiétant : "l'indice des nouvelles commandes a reculé légèrement et c'est une cause de préoccupation pour le reste de l'année. Aux niveaux actuels de croissance pour l'ensemble de l'économie, beaucoup de responsables du secteur manufacturier sont inquiets pour le reste de l'année", a-t-il ajouté. L'indice des nouvelles commandes a en effet reculé à 49,7 contre 50,4 en juillet, passant ainsi sous le seuil fatidique des 50. L'indice de la production a baissé à 55,6 contre 55,7. L'indice de l'emploi a progressé à 45,8 en août contre 45 en juillet. Il demeure toutefois en-dessous de 50 pour le quinzième mois consécutif. Ces chiffres constituent donc une forte déception pour les marchés, qui attendaient l'ISM en progression sensible. Les optimistes s'appuyaient dans leurs pronostics sur l'heureuse surprise apportée en fin de semaine dernière par l'indice d'activité dans le secteur manufacturier de la région de Chicago. Alors que les analystes tablaient sur un niveau inchangé de cet indicateur entre juillet et août, il a en fait enregistré un bond important, passant de 51,5 à 54,9. Ce bon indice est venu ainsi renforcer l'impression positive causée quelques jours plus tôt par la forte remontée en juillet des commandes de biens durables, à +8,7% contre +1,5% attendus. Mais il était sans doute trop tôt pour déduire de ces chiffres des pronostics tout en rose pour l'activité des entreprises et l'investissement. Comme le fait remarquer Evariste Lefeuvre, économiste chez CDC Ixis, l'activité de la région de Chicago "repose surtout sur le secteur automobile, qui est actuellement l'un des rares bien portants". Quant aux commandes de biens durables, elles sont notoirement volatiles. Et à l'inverse, les dernières données disponibles sur le moral des ménages ne sont pas encourageantes. L'indice de confiance du Conference Board a ainsi encore dévissé en août, perdant 3,1 points pour s'établir à 93,5. Soit son plus faible niveau depuis novembre 2001. Une chute qui reflète l'impact sur le consommateur américain du ralentissement économique, de la crise des marchés et des perspectives moroses de l'emploi.A quelques jours de l'anniversaire du 11 septembre, date qui renforce elle aussi la nervosité sur les marchés, il apparaît donc que les perspectives de redressement des entreprises américaines sont encore loin d'être assurées.

latribune.fr

20 Oct 2008, 6:04

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