Première baisse du chômage allemand depuis quinze mois

Faillites en série, menaces de grèves dures, baisses dans les sondages : Gerhard Schröder était, ces temps-ci, plutôt habitué aux mauvaises nouvelles. Les chiffres du chômage publiés ce matin vont sans doute lui redonner le sourire. En effet, pour la première fois depuis décembre 2000, le nombre de chômeurs en Allemagne a baissé en mars. En données brutes, qui sont les plus sensibles pour le monde politique, le nombre de chômeurs s'établit à 4,156 millions en mars contre 4,296 millions en février. Le taux de chômage passe de 10,4% à 10%. Les économistes expliquent cette baisse brute par les conditions habituellement plus favorables du marché du travail à partir de mars. Cette année, les vacances de Pâques précoces ont permis des embauches dans le domaine de la restauration et de l'hôtellerie. Le nombre de travailleurs intérimaires progresse d'ailleurs de plus de 10.000 sur le mois de mars.En données corrigées des variations saisonnières (CVS), les plus significatives pour les économistes, le nombre de chômeurs baisse de 8.000 et se situe à 3,968 millions. En février, le nombre de chômeurs avait progressé de 1.000 personnes. Le consensus Reuters prévoyait une hausse de 4,900 personnes du chômage en CVS en mars. Selon la Bundesbank, le taux de chômage en CVS reste stable à 9,6%. A l'Ouest, ce taux reste de 7,7%, alors qu'il baisse très légèrement en ex-RDA en passant de 17,7% à 17,6%En fait, ces chiffres, si bons soient-ils, ne semblent pas provoquer un vent d'optimisme démesuré. L'Office fédéral du travail lui-même précise que cette baisse n'est pas due à un retournement de conjoncture, mais "à la politique très active des pouvoirs publics pour favoriser les embauches". L'Office met donc en garde : "le creux de la vague n'est pas encore en vue" sur le marché du travail. Cette opinion est partagée par la plupart des économistes. Certes, Ulla Kochwasser, économiste à la banque Mizuho, interrogée par Reuters, considère que "ces deux bons mois consécutifs pourraient être un signe que l'économie allemande a déjà rebondi", mais elle ajoute s'attendre dans les prochains mois à une stabilisation. Tous les économistes estiment que la véritable décrue du chômage ne pourra pas intervenir avant l'été.L'objectif du chancelier Schröder de parvenir à 3,5 millions de chômeurs en données brutes en septembre paraît donc encore éloigné. D'autant que les difficultés s'amoncellent pour les prochains mois. On estime que 3.000 à 4.000 personnes pourraient perdre leur emploi dans le sillage de la faillite de Kirch. Mais le dépôt de bilan du fournisseur de matériel de bureau Herlitz et celui du géant du BTP Philip Holzmann risquent également de faire gonfler les rangs des demandeurs d'emploi.Enfin, selon Ulla Kochwasser, les négociations salariales actuelles font peser un risque sur l'emploi. Si le syndicat IG-Metall obtient des hausses significatives des salaires, "les entreprises pourraient hésiter à recruter". Malgré cette bonne nouvelle, le ciel de Gerhard Schröder reste donc chargé.latribune.f
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