La mobilisation des agriculteurs contre la distribution se durcit

La mobilisation des agriculteurs contre les grandes enseignes de la distribution s'intensifie. Les actions de blocage, organisées à l'initiative de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) et des Jeunes Agriculteurs, concernaient jeudi soir 68 plates-formes d'approvisionnement sur les 400 existantes. Et ce, un peu partout en France, notamment dans le Sud-Ouest, le Grand-Ouest, Rhône-Alpes, l'Alsace et la Normandie. Les principaux noms de la grande distribution sont visés : Carrefour, Leclerc, Intermarché ou encore Lidl. Selon la FNSEA, le mouvement mobilise 13.000 agriculteurs.Ces derniers, en colère contre les pratiques qu'ils jugent abusives des distributeurs, se disent déterminés et prêts à rester mobilisés tant que des éléments de réponse ne seront pas donnés à leurs revendications. Autrement dit, la mobilisation n'en est peut-être qu'à ses débuts, comme l'ont annoncé par exemple les 150 agriculteurs qui bloquent depuis la nuit dernière une importante centrale d'achat des Centres Leclerc dans la Marne : "Nous sommes organisés pour tenir au moins jusqu'à dimanche matin", ont affirmé leurs leaders.Au coeur de la colère des agriculteurs : l'impuissance qu'ils ressentent face aux centrales d'achat de la grande distribution. "Il y a des marges qui sont inadmissibles, illégales et illicites qui compriment le revenu des agriculteurs", a ainsi dénoncé Jérôme Despey, président des Jeunes Agriculteurs. Les revendications des producteurs portent principalement sur une meilleure transparence dans la fixation des prix, le respect des contrats passés avec les distributeurs, la mise en place d'un prix minimum en période de crise ainsi que la révision du système des "marges arrières" (rétrocessions plus ou moins occultes que les fournisseurs doivent accorder aux distributeurs), qui peuvent atteindre jusqu'à 50% du prix de vente.Face à ces accusations de "racket", Jérôme Bédier, le président de la FCD (Fédération du commerce et de la distribution), qui regroupe les grandes enseignes à l'exception des magasins Leclerc, Intermarché et Système U, a brandi ce matin lors d'une conférence de presse "la menace de difficultés d'approvisionnement". Des risques d'acheminement de produits, notamment frais, risquent d'apparaître si le mouvement de revendication perdure, affirme-t-il. La FCD, qui juge ces actions totalement "illégales" et motivées par des "considérations syndicales", compte lancer des actions judiciaires, référés et dépôts de plainte. Une menace qui n'a pas empêché, dans l'après-midi, plus de 200 agriculteurs de manifester devant le siège de la FCD à Paris pour apporter leur appui aux opérations de blocage des plates-formes réalisées sur le plan national. Les agriculteurs ont en tout cas reçu le soutien un peu inattendu des petits commerçants : le syndicat de l'épicerie française et de l'alimentation générale (SEFAG) a ainsi affirmé "comprendre la colère des agriculteurs et la partager", dénonçant les pratiques tout aussi "scandaleuses" de la grande distribution vis-à-vis des commerçants de proximité.Pour essayer de faire retomber la tension, les ministres de l'Agriculture, Hervé Gaymard, et du Commerce et de l'Artisanat, Renaud Dutreil, ont reçu dans l'après-midi le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, et celui des jeunes Agriculteurs, Jérôme Despey, au ministère de l'Agriculture. A l'issue de cette rencontre, le ministère a publié un communiqué affirmant que le gouvernement est "conscient des difficultés dans les négociations" entre la grande distribution et les agriculteurs mais en appelle à "l'esprit de responsabilité de tous les partenaires".
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