Wim Duisenberg met en garde contre la hausse du pétrole

Comme l'avaient prévu les 50 économistes interrogés par Reuters, la BCE a annoncé en début d'après-midi le maintien de ses taux d'intérêt. Le taux directeur de la banque européenne se situe donc toujours à son niveau du 8 novembre dernier, soit à 3,25%. Certes, le climat des affaires s'améliore nettement depuis le début de l'année. Wim Duisenberg, le président de la BCE, a d'ailleurs indiqué que "l'économie européenne avait atteint son plus bas à la fin de l'année 2001 et devrait atteindre son potentiel de croissance fin 2002". Mais cette amélioration reste fragile. Elle est faible dans l'industrie (la production industrielle pour janvier 2002 est restée stable par rapport à décembre 2001), et, surtout, elle s'explique par l'amélioration des exportations (en raison de la reprise américaine) et par les effets de stocks. Ces éléments n'assurent pas à la zone euro une croissance durable et autonome. La BCE ne peut donc prendre le risque dans l'immédiat de relever ses taux et de tuer dans l'oeuf les velléités de reprise de l'investissement et de la consommation. D'autant que, selon Wim Duisenberg, c'est la "demande intérieure qui portera en priorité la croissance européenne".La hausse du prix du pétrole représente également un danger pour un taux d'inflation déjà supérieur à la barre fatidique des 2% en rythme annuel. Wim Duisenberg considère que "le taux d'inflation passera en dessous de 2% plus tard dans l'année". En moyenne, il considère que ce taux devrait être "proche ou un peu inférieur à 2%". Une déclaration qui confirme que le BCE peut tolérer provisoirement un taux d'inflation dépassant légèrement les 2%. Wim Duisenberg a expliqué la légère poussée des prix en mars (2,5% estimé contre 2,4% en février) par la tension des prix pétroliers. Il a d'ailleurs prévenu que le recul de l'inflation "risquait d'être moindre en raison de la hausse du prix du pétrole".Pour autant, la position neutre de la BCE face à ce danger d'un regain de l'inflation montre qu'il est peu probable que la banque européenne relève ses taux rapidement. La priorité implicite de la banque reste donc la croissance qui, comme l'a relevé Wim Duisenberg, pourrait être elle aussi menacée par les prix pétroliers.Pour finir, le président de la banque centrale a insisté sur la nécessité, pour la croissance, de poursuivre les réformes structurelles engagées aux sommets de Lisbonne et Barcelone. Il n'a donc pas hésité à envoyer des messages clairs à deux dirigeants européens en pleine campagne électorale, Gerhard Schröder et Jacques Chirac. Au premier, il a rappelé qu'il restait "inquiet au sujet de l'issue des négociations salariales actuelles". Le syndicat allemand IG-Metall, qui réclame des augmentations de 6,5% des salaires, a en effet lancé une vague de grèves pour peser sur ces négociations. Au second, qui a estimé que l'objectif de l'équilibre budgétaire en 2004 n'était pas une contrainte, Wim Duisenberg rappelle que "pour atteindre une croissance sans inflation, il est vital que les pays de la zone euro s'efforcent de respecter leur engagement de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2003-2004".latribune.f
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