L'euro se rapproche de la parité avec le dollar

La dégringolade du dollar se poursuit, avec désormais en ligne de mire immédiate la parité avec l'euro. A 9h, il fallait 99,30 cents pour faire un euro. Deux heures plus tôt, 98,78 cents étaient suffisants. La pièce bicolore s'est ensuite légèrement repliée, s'échangeant à 0,9847 dollar à 18h15. A ce niveau, elle reste cependant largement au-dessus de ses cours d'hier. Deux éléments ont contribué à ce renforcement de l'euro face au dollar.D'abord, la descente aux enfers attendue des marchés américains après l'annonce par l'opérateur de télécoms WorldCom d'irrégularités dans ses comptes. La perspective d'une nouvelle crise "à la Enron" amène les investisseurs à se désengager des marchés américains et donc à vendre du dollar. D'autant que le gouvernement américain semble confirmer sa volonté de jouer sur un dollar faible. Hier, le président Bush a ainsi laissé entendre qu'il ne s'inquiétait pas de la baisse du billet vert. "Ma position est que le dollar va chercher son niveau en fonction des forces du marché et de la capacité de notre pays à limiter ses dépenses, à se redresser, à revigorer sa base manufacturière. Le dollar va donc chercher son niveau adéquat en fonction des forces du marché", a déclaré le président américain. Washington ne défendra pas sa monnaie et les marchés ont donc estimé qu'ils pouvaient continuer à vendre leurs billets verts. Pourquoi ce désintérêt de George Bush pour la devise américaine ? La politique de soutien à l'industrie la moins productive du pays (métallurgie, agriculture, défense) est devenue le fer de lance du président. Or, un dollar faible favoriserait mécaniquement la compétitivité des entreprises américaines de ces secteurs. De même, le président, pour soutenir ces industries à fort potentiel électoral, a besoin de laisser flotter son déficit budgétaire. Le gouvernement américain espère réduire ce déficit par une baisse du dollar. Son intérêt n'est donc pas dans le maintien d'un dollar fort.Comment alors expliquer la chute spectaculaire du dollar face à l'euro ? Voici une semaine, personne n'envisageait le retour de la parité euro/dollar à court terme. Mais les marchés préfèrent échanger leurs dollars contre des euros pour deux raisons principales. D'abord, il est risqué d'acheter du yen parce que l'économie japonaise reste fragile et que la Banque du Japon a montré sa détermination à préserver un yen faible. La monnaie japonaise remonte certes face au dollar, mais dans une proportion moins forte que l'euro. Par ailleurs, les observateurs s'attendent à une remontée rapide des taux européens de la BCE, soit dès juillet, soit au pire début septembre. En revanche, on s'attend à un statu quo de la part de la Fed jusqu'à l'automne. En bref, l'argent placé en euro devrait être encore mieux rémunéré au cours du deuxième semestre que celui placé en dollar.Si la pièce bicolore retrouve la parité avec le dollar, quelles seraient les conséquences pour l'économie européenne ? La compétitivité des entreprises européennes, déjà inférieure à celle des sociétés américaines, sera sûrement touchée. Dans des pays où les exportations jouent un rôle essentiel dans la croissance comme l'Allemagne, le Benelux et, dans une moindre mesure la France, la reprise pourrait donc être affectée.
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