L'OCDE craint une reprise désordonnée

Pour l'Organisation de coopération et de développement économique, qui publie aujourd'hui ses prévisions, la croissance de ses 30 pays membres, les plus développés de la planète, devrait atteindre 1,8% en 2002 et près de 3% en 2003.Cette reprise est liée à deux facteurs majeurs. D'une part, l'OCDE souligne le rebond de l'économie américaine, favorisé par une exceptionnelle confiance des ménages après le 11 septembre et les baisses des taux d'intérêt de la Fed. D'autre part, l'organisation souligne l'effacement de la crise du secteur technologique avec la fin du cycle de déstockage et la reprise de l'investissement.L'OCDE salue cette performance des Etats-Unis, leur prédisant une croissance de 2,5% en 2002 et 3,5% en 2003. Plus encore, selon Ignazio Visco, son chef économiste, la croissance économique aux Etats-Unis "va être très élevée" en ce début d'année avec un taux de croissance en rythme annuel "autour de 5%". Les chiffres de la croissance américaine au premier trimestre doivent être annoncés demain. Ils pourraient illustrer l'une des craintes de l'organisation en ce qui concerne les risques qui pèsent sur la reprise amorcée en 2002 dans le monde : un rebond trop élevé et trop rapide !Pour Ignazio Visco, la Fed devra commencer à resserrer sa politique monétaire "à la fin du printemps" et au total, la Fed devrait en 2002 remonter ses taux de 1 point, passant de 1,75% à 2,75%. D'ici la fin 2003, les taux américains devraient avoir remonté à 4,25%, selon le chef économiste. Quant aux taux d'intérêt européens, ils devraient s'établir à 4% d'ici la fin 2003, contre 3,25% actuellement. L'OCDE se montre par ailleurs plus sévère avec la zone Euro, qui devrait rester à la traîne de la locomotive américaine.Pour l'Organisation, "la confiance des ménages et les dépenses de consommation restent atones". Elle souligne la persistance d'une inflation supérieure aux objectifs de la Banque centrale européenne mais recommande de ne pas relever les taux d'intérêts pour soutenir la croissance "si l'inflation baisse comme prévu" tout en procédant à "l'assainissement des politiques budgétaires". L'OCDE semble ainsi prête à accepter une légère inflation en Europe, plutôt que de prendre le risque d'étouffer dans l'oeuf les premiers frémissements de la reprise. L'organisation renouvelle également ses conseils aux Européens de réformer le marché du travail, réduire le niveau des prélèvements obligatoires et accroître la concurrence.Au total, l'OCDE attend pour la zone Euro une croissance de 1,3% en 2002 et de 2,9% en 2003.Pour la France, l'OCDE s'inquiète principalement de la reprise du chômage, avec un taux de 9,2% prévu en 2002. Les économistes de l'Organisation estiment que le ralentissement économique de 2001 n'a pas eu encore de vraie répercussion sur le marché français de l'emploi, en raison des allégements de cotisations sociales et des mesures liées à l'instauration des 35 heures. Que se passera-t-il quand ces mesures de soutien artificiel n'auront plus cours ? L'OCDE craint une nouvelle progression du chômage qui pourrait avoir un effet négatif sur la confiance des ménages et des entreprises.En ce qui concerne l'inflation française, elle est prévue en hausse de 1,6% cette année et de 1,7% l'année prochaine. L'OCDE exhorte les dirigeants français à assainir les dépenses publiques pour faire face au problème des retraites.De nombreux facteurs d'inquiétude pèsent sur la croissance des pays développés : le prix du pétrole, la dégradation des marchés du travail susceptible de "ternir la confiance des consommateurs", enfin le retour de "pressions protectionnistes" avec le contentieux de l'acier entre les Etats-Unis et l'Europe. Sans oublier les risques de diffusion de la crise argentine et de la crise bancaire japonaise.latribune.f
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