L'heure des choix pour les équipementiers

Cela va bientôt faire deux ans que dure la crise des équipementiers télécoms. De plans de restructuration sévères en cessions de divisions entières à des sous-traitants, les grands du secteur essayent de faire le dos rond en attendant que le marché se reprenne. Mais comme rien ne de tel ne s'annonce, la question de leur survie en l'état est désormais posée. Que se passera-t-il quand il n'y aura plus rien à céder et que le seuil incompressible d'effectifs sera atteint ? Alcatel a supprimé plus de 30 % de ses effectifs en deux ans. Nortel et Lucent plus de la moitié. La crise s'est tant aggravée que la consolidation prévisible n'est pas intervenue. Alcatel n'a pas racheté Lucent ; le mariage nord américain entre Nortel et Lucent n'a pas davantage eu lieu ; Ericsson poursuit en solo, récemment recapitalisé par des actionnaires qui ont toujours la foi. Pourtant, encore une année de disette semblable à 2001 et 2002, et c'est à une consolidation par les faillites que l'on pourrait bien assister. Alors à quoi s'attendre ? Le modèle de l'équipementier généraliste (fournisseur à la fois de réseaux d'accès et de transport, de matériels fixes ou sans fil, etc...) pour viser à la fois la clientèle des opérateurs et des entreprises a clairement montré ses limites dans un environnement déprimé, sans visibilité. Au terme d'une recomposition du paysage, on pourrait donc imaginer que des cendres de ces géants naissent des équipementiers seulement spécialisés sur certains segments du marché. Ainsi, par exemple, serait-il temps que les équipementiers télécoms refassent leur retard sur d'autres, venus de l'informatique, qui aujourd'hui sont prêts à faire déferler les matériels de réseaux locaux sans fil à haut débit - "wi-fi" - qui ont tous les atours d'une alternative aux réseaux mobiles de troisième génération UMTS. L'autre option serait, comme l'explique Yves Gassot, le directeur de l'Institut de l'audiovisuel et des télécommunications en Europe (Idate), que les équipementiers entament une mue beaucoup plus radicale vers les services aux opérateurs. Selon lui, "ils deviendraient alors des partenaires en mesure d'apporter de la valeur aux opérateurs de services : dans la création de services, dans l'optimisation et même la gestion des infrastructures existantes". Ce faisant, ils ne feraient que pousser à son terme la logique qui les a conduits à externaliser nombre de leurs productions à des sous-traitants spécialisés. Entre les deux approches, une seule chose est sûre : l'heure des choix approche.
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