Politique industrielle, le retour

A partir des années 80, la politique industrielle est devenue un mot tabou. La crise économique, l'influence des économistes libéraux et un gaspillage des fonds publics dans de retentissantes gabegies ont grandement contribué à discréditer cette forme d'intervention de l'Etat dans l'économie. Depuis, on fait autrement en s'en remettant aux agents économiques privés. Sans nécessairement faire mieux.La téléphonie mobile de troisième génération UMTS, promise à un phénoménal succès parallèle à celui d'Internet, avait tout pour enclencher un mécanisme vertueux facteur de croissance. Son ancêtre, le GSM, y était bien parvenu. Pour la plupart, les Etats n'ont suivi l'affaire que de loin. Mais ils ont fini par voir assez vite leur intérêt et celui-ci ne se chiffrait pas en milliers d'emplois, mais en milliards d'euros. Il ont "capté la rente", comme disent les économistes. Ainsi, non seulement ils ne se sont pas engagés financièrement pour développer une technologie prometteuse, mais ils ont prélevé massivement les opérateurs pour combler leurs déficits budgétaires, jouant au passage sur l'irrationnelle frénésie des industriels pour l'UMTS.Un rapport du Conseil d'analyse économique du gouvernement montre aujourd'hui qu'au regard des incertitudes technologiques et économiques qui pèsent encore sur le mobile du futur, l'action des Etats sur les seules modalités d'attribution des licences a été particulièrement déstabilisante pour le secteur des télécommunications.Pour relancer le processus, il faudrait pourtant que les Etats prennent leurs responsabilités en matière de politique industrielle. L'importance du secteur des technologies de l'information est en effet telle que ne pas intervenir sur les risques de déséquilibres financiers majeurs qui le menacent aujourd'hui peut entraîner des coûts pour la collectivité.En revenant, dans le cas de l'UMTS, sur les erreurs commises, les Etats pourraient faire oublier l'image d'auxiliaire d'une loi de la jungle qui condamne aujourd'hui le secteur de la téléphonie mobile à une concentration rapide nuisible à la concurrence.
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