Vodafone limite ses dépréciations d'actifs

Les craintes portées par certains analystes (lire ci-contre) à l'égard des résultats annuels de Vodafone se sont révélées quelque peu exagérées. Certes, le premier opérateur de téléphonie mobile du monde voit sa perte avant impôts atteindre un niveau record dans l'histoire de la finance britannique, à 13,36 milliards de livres pour l'exercice 2001/2002 contre 8,09 milliards en 2000/2001, mais on est loin des 35 milliards de livres de pertes nettes redoutés par certains. La perte nette, elle, atteint 16,155 milliards de livres, contre 9,9 milliards l'an dernier. La première raison de ce résultat moins décevant que prévu est le caractère - relativement - limité des charges passées pour amortissement des survaleurs ("goodwill") et dépréciations. Les survaleurs atteignent ainsi 13,47 milliards de livres (21,3 milliards d'euros) et concernent les acquisitions de l'opérateur irlandais Eircell, du groupe japonais Japan Telecom et de sa filiale mobile J-Phone, mais aussi de l'allemand Mannesmann, racheté il y a deux ans. S'y ajoutent un total de 6 milliards de livres de charges exceptionnelles couvrant notamment la dépréciation des participations dans Arcor, Cegetel, Grupo Iusacell, China Mobile et Japan Telecom. Le groupe souligne surtout n'avoir procécé à aucune dépréciation d'actifs parmi ses filiales mobiles détenues à plus de 50%. Un commentaire qui dénote la volonté du groupe de réaffirmer le bien fondé de sa stratégie de croissance externe dans la téléphonie mobile, parfois remise en cause ces derniers temps, notamment après la révision à la baisse des prévisions de résultats des filiales allemande (Vodafone D2) et italienne (Omnitel).En terme de dépréciations d'actifs, Vodafone est ainsi nettement en dessous des prévisions les plus pessimistes en termes de charges exceptionnelles. A titre de comparaison, ses concurrents européens France Télécom et Deutsche Telekom ont passé respectivement pour 2001 10,2 et 15,2 milliards d'euros de charges pour dépréciations. L'autre clé pour comprendre ces résultats est la bonne performance d'exploitation du groupe. Avec une progression de 44% à 10,09 milliards de livres, l'Ebitda de Vodafone se situe dans la fourchette haute des prévisions des analystes interrogés par Reuters. Et la marge opérationnelle augmente de 3 points dans les activités mobiles, à 36%, "avec des améliorations importantes réalisées sur les marchés clés du Royaume-Uni, de l'Allemagne et du Japon". Cette bonne performance s'explique notamment par la progression des services annexes sur mobile (SMS, jeux). Ces activités ont représenté 11,1% du chiffre d'affaires sur l'exercice, contre 8,1% lors de l'année 2000/2001 et leur part devrait monter à 20% en 2004. Plus largement, Vodafone explique que "la tendance à une stabilité globale de l'ARPU [chiffre d'affaires moyen par abonné] se maintient sur les principaux marchés européens du groupe". Au total, le chiffre d'affaires du premier opérateur mobile mondial a progressé de 52% sur l'exercice, à 22,845 milliards de livres. Le nombre des clients, lui, a augmenté de 22% à 101,1 millions. Pour l'exercice en cours, Vodafone table sur une hausse "à deux chiffres" de ses ventes et sur une nouvelle amélioration de la marge opérationnelle. A l'heure où les grands opérateurs historiques se battent contre la dette massive accumulée ces dernières années, Vodafone souligne en outre que son endettement net, à 12,034 milliards de livres (19 milliards d'euros) ne représente que 14% de sa capitalisation boursière et lui permet d'afficher les meilleures notes financières du secteur. Le groupe profite ainsi du fait qu'il a payé la plupart de ses acquisitions des dernières années en titres, alors que plusieurs opérateurs historiques européen - et notamment France Télécom - ont réalisé d'importantes opérations de croissance externe en cash. Son aisance financière permet à Vodafone d'envisager de nouvelles acquisitions : ainsi, il se dit "intéressé" par le Français Cegetel (dont il possède 15%) dans l'hypothèse d'une vente par Vivendi, mais précise ne pas s'attendre à court terme à un désengagement du groupe franco-américain.Ces résultats meilleurs qu'attendu, et surtout meilleurs que ceux des autres grands opérateurs européens, sont une bonne nouvelle pour le patron de Vodafone Chris Gent dont la politique de croissance externe avait pu être durement critiquée. Le groupe a pris une mesure supplémentaire pour restaurer son image auprès des investisseurs, en augmentant son dividende de 5%. Mais, si l'action a ouvert en nette hausse à Londres, les perspectives de croissance pour cette année, jugées décevantes, et les risques d'un ralentissement du marché ont fait replonger le titre dans le rouge en fin de séance : en clôture, il cédait 2,1% à 102,75 pence. Vodafone était tombé le 7 mai à 95,25 pence en clôture, son plus bas niveau en quatre ans.Japan Telecom, filiale à 66,7% de Vodafone, a lui aussi publié des résultats supérieurs aux attentes... mais néanmoins déficitaires. Le troisième opérateur japonais affiche une perte nette de 65,97 milliards de yens pour l'exercice clos le 31 mars, pour un chiffre d'affaires de 1.700 milliards, en hausse de 16,3%. Japan Telecom a par ailleurs annoncé que ses activités de téléphonie fixe seraient regroupées dans un holding spécifique à partir du 1er août prochain. Une réorganisation qui pourrait préfigurer une cession du fixe dans le cadre d'un recentrage sur le mobile. La filiale d'accès Internet ADSL, elle, est déjà vendue, pour 5,5 milliards de yens.
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