Finance et football, des relations toujours difficiles

Alors que la coupe du monde de football et les déboires de l'équipe de France font les malheurs de TF1 (lire ci-contre), le petit monde européen du ballon rond continue à s'enfoncer dans les ténèbres financières. La journée de jeudi a ainsi montré que football et pratiques frauduleuses faisaient parfois un peu trop bon ménage sur le Vieux continent.Le premier coup de tonnerre est venu d'Autriche où le champion en titre pour la troisième saison consécutive, le FK Tyrol Innsbruck, a été déclassé en division régionale amateur par la ligue de football du pays. Cette décision a été prise suite à l'incapacité du club de présenter une garantie de 4,5 millions d'euros avant le 31 mai dernier. Le club du Tyrol, qui croule sous 17 millions d'euros de dettes, s'est retrouvé dans cette situation délicate suite aux agissements de son manager Robert Hoschstaffl. Mis en examen mardi, ce dernier est accusé d'avoir falsifié des chèques au nom du club pour 300.000 euros et d'avoir détourné des caisses du club 4,5 millions d'euros. Il ne serait cependant pas le seul à s'être grassement servi : les deux derniers présidents du club sont sous le coup d'une enquête financière.Un peu plus à l'ouest, en Suisse, on apprenait peu après que le FC Lugano, club du canton italophone du Tessin rétrogradé en deuxième division cette année, se voyait réclamer près de 73,5 millions d'euros par ses créanciers. Le club, à qui il manque 6,1 millions d'euros pour clore son exercice, est, là encore, victime des pratiques douteuse de son ancien président Helios Jemini. Ce dernier, financier basé au Liechtenstein, avait détourné 61 millions d'euros à ses clients. Pour recycler cet argent, il utilisait les caisses du FC Lugano depuis 1995. Un système de sociétés écrans basées dans des paradis fiscaux lui permettait de réaliser ces opérations en toute tranquillité. Les joueurs étaient par ailleurs souvent payés au noir à côté de leur salaire officiel. Discret, Helios Jemini gérait seul les comptes du club, laissant les autres dirigeants ignorants de ses pratiques. Tout s'est effondré lorsque les clients italiens de M. Jemini, suite à la loi d'amnistie fiscale italienne, ont réclamé leurs fonds. En mars 2002, on retrouvait le corps du patron de club dans le lac de Lugano. Il s'est vraisemblablement suicidé, mais le Lugano FC doit encore payer les conséquences de ses malversations.Les problèmes du football professionnel n'épargnent cependant pas la France. Après le dépôt de bilan de l'OGC Nice prononcé le 31 mai dernier, on a appris que des agents du fisc se sont présentés au siège de l'Olympique de Marseille jeudi matin. La justice soupçonne en effet certains agents de joueurs de s'être largement servis en commissions obscures lors de transferts.Quand on connaît les difficultés des clubs cotés en Bourse (l'action de Manchester United a perdu 42% à Londres en un an et celle de l'AS Roma 32% à Milan) et le coût de retransmission des grandes compétitions pour les télévisions et les radios, on voit combien finance et football ont des difficultés, en ce moment, à faire bon ménage.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.