"Les producteurs doivent libéraliser l'électricité"

La Tribune - Après la crise du secteur de l'énergie aux Etats-Unis, n'est-il pas illusoire de promouvoir une libéralisation totale de l'électricité ?Bill Schjelderup - En réalité, ce sont uniquement les flux monétaires qui changent, pas la distribution. Et ce sont surtout les producteurs d'électricité qui résistent à cette libéralisation. On peut les comprendre. Avec 30 % de surcapacités de production en Europe, le prix de l'électricité n'est guère appelé à monter ! Après onze ans d'existence d'une Bourse de l'électricité en Norvège, son prix est inférieur de moitié au niveau atteint s'il avait continué à évoluer au rythme fixé par la loi de finances de 1991.Le risque n'est-il pas de voir l'instabilité des prix se développer ?Sur la plupart des marchés européens, le chaos fut total jusqu'en 2002. Dominant le marché et contrôlant le réseau de lignes, les producteurs comme EDF peuvent aisément manipuler les prix. Très volatil, le prix "spot" [au jour le jour, Ndlr] affichait de grandes différences entre les pays. Lors des premières années de fonctionnement de Nord Pool, les producteurs tentèrent également d'attiser la volatilité. Cette année pourtant, le marché commence à fonctionner, les arbitrages à s'opérer, les cours nationaux à suivre la même évolution. Pour réduire encore cette volatilité, l'ouverture des frontières est essentielle.L'arrivée de spéculateurs ne trahit-elle pas l'esprit de ce marché de l'énergie ?Bien sûr, un cadre juridique strict doit être mis en place pour empêcher ces "traders" d'influencer le marché. Ces opérateurs restent néanmoins indispensables. Un biais du marché plus préoccupant réside dans la différence d'accès à l'information quant aux capacités de production, aisément utilisable pour manipuler les cours. Imaginez par exemple qu'un producteur du type EDF souhaite arrêter l'une de ses centrales pour entretien. Retenant cette information, le producteur pourrait arbitrer sur le marché au détriment des acheteurs la hausse de prix qu'entraînera nécessairement un tel arrêt. De véritables délits d'initié risqueraient de voir le jour et ce sujet a encore été peu débattu par les autorités de la concurrence. En vérité, un véritable marché de l'électricité ne peut fonctionner s'il est développé uniquement par les producteurs.
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