Washington s'échauffe sur le climat

Ce n'est pas un virage à 360 degrés, mais c'est une vraie inflexion de la politique environnementale de Georges W. Bush. Dans un rapport officiel produit par l'Environnemental Protection Agency (EPA) et rendu public début juin, les Etats-Unis reconnaissent pour la première fois la réalité du réchauffement climatique qui affecte notre planète. Il est dû, peut-on y lire, "aux activités humaines", et notamment à la combustion du pétrole, gaz et charbon, émettrice des fameux gaz à effet de serre (gaz carbonique notamment). Le phénomène, qui s'est accéléré depuis 20 ans, devrait marquer de son empreinte le 21ème siècle, note l'EPA.Tout cela n'a rien d'un scoop pour les scientifiques et les promoteurs de l'accord de Kyoto ! Mais c'est justement en raison de ses doutes concernant le réchauffement planétaire que le gouvernement de Georges Bush avait mis en cause ce traité international de réduction programmée des émissions de gaz à effet de serre signé en décembre 1997 par l'équipe Clinton. La reconnaissance officielle d'aujourd'hui annonce-t-elle un changement de politique ? Rien, pour le moment, ne permet de l'affirmer. Si les Etats-Unis se saisissent aujourd'hui du dossier du climat, c'est peut-être parce qu'ils se sont aperçus qu'ils seront touchés de façon importante par le réchauffement. Le rapport est assez précis et inquiétant à cet égard. Dans les décennies à venir, les Etats côtiers du Sud-Est des Etats-Unis seront sous la menace accrue de tempêtes et de vagues de chaleur. Dans la région des Grands Lacs, les eaux devraient baisser, posant notamment un problème d'approvisionnement en eau potable. Dans les Rocheuses, les prairies pourraient totalement disparaître. Enfin, faute de neige, les stations de ski américaines situées les plus au sud souffriront dans leurs activités. Le gouvernement américain se retrouve face à une contradiction majeure, maintenant qu'il a accepté le consensus scientifique sur le climat. La logique voudrait qu'il suive l'avis des environnementalistes "modérés", notamment du sénateur James Jeffords (Vermont), président du "Senate Environment Committee" : ce partisan de mesures fermes de réduction des polluants dialogue tout aussi bien avec l'industrie. Mais les soutiens fidèles de Georges Bush, industriels de l'automobile ou de l'énergie, ne l'entendent pas de cette oreille et se fâchent au seul mot de "régulation". Du coup, Georges W. Bush s'agrippe à ses vieilles propositions : réduction "volontaire" de la pollution de la part des industriels et objectif global de limitation de la croissance des émissions de gaz à effet de serre (pas question de parler d'une décroissance). Pas de quoi inverser la tendance climatique en cours. Retrouvez l'actualité technologique tous les mercredis dans "La Tribune de l'Innovation", édition papier.
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