La Sécu s'enfonce toujours plus dans le déficit

Le trou de la Sécurité sociale, que l'on avait cru, un temps, pouvoir oublier, est de retour. Et il a de belles années devant lui... Si l'on en croit le dernier rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale, dont l'AFP publie aujourd'hui les grandes lignes, c'est à un spectaculaire dérapage des comptes sociaux que l'on va assister dès cette année.Selon ce document, qui doit être publié officiellement demain mardi, le régime général de la Sécurité sociale (celui des salariés) tombera dans le rouge en 2002, et cela pour la première fois depuis trois ans. Après des excédents de 500 millions d'euros en 2000 et 1,1 milliard en 2001, le déficit désormais prévu pour l'année en cours serait de 3,3 milliards d'euros. Cette nouvelle estimation traduit dans les chiffres une aggravation rapide du déficit. Au mois de juillet dernier, la Commission tablait encore sur un trou de 2,4 milliards d'euros "seulement". Et ce n'est pas tout: les experts de la Sécu sont encore plus pessimistes pour l'avenir. Au titre de 2003, ils n'hésitent pas à envisager une nouvelle aggravation, parlant d'un déficit qui s'élèverait à 4,6 milliards d'euros (avant adoption éventuelle de mesures de redressement dans la prochaine loi de financement).Les raisons de cet inquiétant dérapage sont bien connues, et la Commission ne se prive pas de les énumérer. Le ralentissement de l'économie se traduit, de façon mécanique par une baisse des recettes, puisque la reprise du chômage entraîne un repli des cotisations. Simultanément, les dépenses sont en forte augmentation, particulièrement dans la branche maladie. Celle-ci est en effet entièrement responsable du déficit de la Sécu, puisqu'elle devrait être dans le rouge cette année à hauteur de 6,1 milliards. Et si le régime général de la Sécurité sociale limite la casse à 3,3 milliards, c'est grâce aux excédents dégagés par les trois autres branches: la famille, qui devrait afficher un solde positif de 1,1 milliard, la vieillesse (1,6 milliard) et les accidents du travail (0,1 milliard).Les causes du dérapage des dépenses maladie sont, là aussi, bien connues: les soins de ville augmentent de 8,3%, relèvement des honoraires des médecins oblige, tandis que les dépenses des établissements de santé progressent de 6,1% (sous l'effet, en partie, de la mise en place de la réduction du temps de travail). Au total, les dépenses maladie devraient progresser cette année de 7,2%, alors que l'Objectif national de dépenses (Ondam), voté par le Parlement, avait fixé un taux de 3,8%. Une constatation qui confirme, une fois de plus, l'absence totale de crédibilité de cet objectif officiel...    Pour le gouvernement, ce déficit de la Sécu pose un redoutable problème, dans la mesure où il s'ajoute à une situation peu favorable des finances publiques, obérées par le ralentissement économique et les baisses d'impôts impulsées par le président de la République. D'ores et déjà, il semble que les pouvoirs publics s'apprêtent à relever sensiblement le prix du tabac, d'environ 15%, l'année prochaine, de façon à envoyer, entre autres, 700 millions d'euros dans les caisses de l'assurance maladie (lire ci-contre). Mais il est clair que cela ne suffira pas à rétablir les perspectives financières de la Sécu à moyen terme. Des réformes en profondeur sur la structure des dépenses seront inévitables un jour ou l'autre. Un diagnostic qui, à vrai dire, est posé depuis de nombreuses années.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.