Bruxelles fait son deuil d'une reprise rapide

Il n'y a pas de quoi pavoiser. Le rebond de l'activité observé au début de l'année n'ayant pas tenu ses promesses, la Commission européenne est contrainte de réviser très nettement ses prévisions économiques pour la zone euro. Alors qu'au printemps Bruxelles pariait sur une croissance de 1,4% en 2002 et de 2,9% l'année prochaine, la détérioration de la conjoncture conduit la Commision européenne à ne plus tabler que sur une croissance de 0,8% cette année et de 1,8% en 2003. Un investissement en contraction et une consommation privée s'affaiblissant sous la pression des incertitudes sont les principaux éléments qui selon Bruxelles expliquent les ratés de la reprise. Et pour la Commission européenne, le rebond de la croissance n'est envisageable "qu'à partir de la seconde moitié de l'année prochaine". Un redémarrage qui se ferait sous conditions. Selon les économistes bruxellois, ce timing ne pourra être tenu que "si la confiance revient, si les prix pétroliers se relâchent et si les marchés boursiers restent stablent". Autant dire que le scénario échaffaudé par Bruxelles est chargé d'hypothèques, avec au premier rang d'entre elles le risque d'une intervention militaire en Irak. Pour l'Allemagne, première économie de la zone euro, la commission table sur une croissance de seulement 0,4% cette année et de 1,4% en 2003, suivie d'un rebond à 2,3% en 2004. Les chiffres de la Commission, très voisins de ceux retenus pour l'instant par l'équipe du chancelier Schröder, sont en revanche plus optimistes que ceux divulgués ce matin par les cinq "sages", ces experts indépendants chargés de conseiller le gouvernement allemand en matière de politique économique. Ils estiment en effet que la croissance allemande n'atteindra que 1% l'an prochain, après seulement 0,2% cette année. L'exécutif européen a également revu en baisse ses prévisions pour la France, tablant sur 1% en 2002 et 2% en 2003. Cette prévision est nettement inférieure à l'hypothèse budgétaire du gouvernement français, qui table sur 2,5% en 2003. En 2004, la croissance devrait s'établir à 2,7%, selon la Commission.Pour Berlin et Paris, ces mornes perspectives économiques sont assorties de prévisions catastrophiques quant aux finances publiques. Selon Bruxelles, Berlin devrait afficher un déficit public de 3,8% de son PIB cette année et de 3,1% l'année prochain. Dans les deux cas, l'Allemagne dépasserait la limité de 3% fixée par le Pacte de stabilité. En ce qui concerne la France, Bruxelles estime qu'en 2002, le déficit sera de 2,7% avant de s'aggraver en 2003 à 2,8%. En raison de ces dérapages, l'Allemagne et la France vont se trouver visées par des procédures lancées par Bruxelles. Pedro Solbes, commissaire européen aux Affaires économiques, a indiqué que l'Allemagne allait être l'objet d'une procédure en déficit excessif. Cette année, le Portugal a déjà fait les frais d'une telle mesure. Quant à la France, elle va être visée par une "procédure d'alerte".
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