Gerhard Schröder veut réduire de moitié le chômage allemand en trois ans

Un des épisodes les plus importants de la campagne électorale allemande s'est joué aujourd'hui. Alors que des inondations catastrophiques frappent le pays, le chancelier Gerhard Schröder, dont le parti est toujours largement devancé dans les sondages par l'union CDU-CSU, tente de relancer sa campagne sur le sujet de l'emploi. Le pari est réellement osé au vu du bilan des quatre années de gouvernement SPD-Verts. Depuis juillet dernier, le nombre de chômeurs dépasse à nouveau 4 millions en données brutes et on est loin de la promesse du chancelier de passer sous la barre des 3,5 millions de chômeurs avant septembre.Mais Gerhard Schröder ne pouvait laisser le monopole du thème de l'emploi à son adversaire conservateur Edmund Stoiber, qui entend mener une franche libéralisation du marché du travail. C'est pourquoi il a demandé à l'ancien chef du personnel de Volkswagen Peter Hartz un rapport sur la réforme du marché du travail permettant de réduire de moitié le nombre de chômeurs en trois ans. Ce rapport sera le socle du programme pour l'emploi du chancelier. Aujourd'hui, la remise de ce rapport a été l'occasion d'une immense mise en scène à la Französicher Dom de Berlin, "une grand'messe electorale", selon l'opposition. Concrètement, le rapport Hartz propose le développement du travail temporaire, CDD et Interim, ainsi que des aides pour la création d'emplois à bas salaires. Les formalités d'embauches devront être facilitées. Pour inciter à la reprise d'emploi, la commission Hartz propose également de durcir les conditions pour obtenir des allocations chômage et de développer le conseil et l'aide à la recherche d'emploi au sein de l'Office fédéral du travail. Enfin, pour relancer les créations d'emplois en ex-RDA, où le taux de chômage frôle toujours les 18%, la banque publique KFW devra émettre des obligations pour 10 milliards d'euros par an afin d'accorder des prêts avantageux à la création d'entreprises. Gerhard Schröder espère financer ces coûteuses dispositions par les économies réalisées sur les allocations chômage. Ces dispositions ne semblent cependant séduire ni les économistes, ni l'opposition. Pour Svenja Nahls-Obegi, économiste chez CDC-Ixis, les vraies rigidités de la législation allemande ne sont pas remises en cause par les propositions de Peter Hartz, notamment en ce qui concerne les licenciements collectifs. L'économiste ajoute que la commission ne propose pas une véritable "libéralisation des actuelles restrictions au développement du travail temporaire". De son côté, la présidente de la CDU Angela Merkel se gausse de ces "mesurettes compliquées" qui prouvent les "défaillances" de la gestion sociale-démocrate. Elle préconise plutôt une vraie libéralisation du marché du travail et une baisse massive des taxes pour relancer les embauches. Avec ces propositions, Gerhard Schröder prend un vrai risque. Celui de voir les électeurs de gauche opposés à la libéralisation du marché de l'emploi se diriger vers sa gauche, vers les Verts ou les néo-communistes du PDS et celui de voir ses électeurs du centre, déçus par le prudent rapport Hartz, se rallier finalement aux propositions de la CDU-CSU. Mais, il est vrai qu'à cinq semaines de l'élection et, avec cinq points de retard dans les sondages, le chancelier se doit de prendre des initiatives.
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