Le moral des patrons allemands en repli

C'est une déception: le baromètre mensuel de l'institut de conjoncture Ifo mesurant le climat des affaires en Allemagne de l'ouest a légèrement baissé en juin par rapport à mai, à 91,3 points contre 91,6 points, selon les chiffres publiés ce matin. Cet indice est inférieur à que ce prévoyaient les analystes. Les différents consensus tablaient sur un indice Ifo compris entre 91,9 et 92,4 points. Pour les économistes, le climat des affaires, qui s'était déjà redressé en mai (l'indice gagnant plus d'un point par rapport aux 90,5 points d'avril), aurait dû poursuivre sa remontée, aidé en cela par la baisse des prix du pétrole et la reprise des exportations. Cette vision optimiste des choses était en outre confortée par l'indice des attentes ZEW de juin, qui s'était affiché en nette progression de 3,3 points, à 69,6. Mais c'est finalement le pessimisme qui l'a emporté chez les chefs d'entreprise. "La détérioration de l'indice Ifo s'explique par des nouvelles défavorables dans les secteurs du bâtiment, ainsi que dans le commerce de détail et de gros", note ainsi l'institut. Les deux composantes servant au calcul de l'indice marquent en fait des tendances contradictoires. Celle mesurant l'évaluation de la situation actuelle par les chefs d'entreprise a progressé en juin à 78,3 points contre 77,7 points en mai. A l'inverse, celle mesurant leurs attentes pour les six mois à venir s'est fortement dégradée, perdant 1,3 point, à 104,9 points. Les chefs d'entreprise allemands sont toujours handicapés par la faiblesse de la consommation intérieure et de l'investissement. Le principal moteur de l'activité outre-Rhin demeure les exportations. Or, les signes de désarroi manifestés aux Etats-Unis quant à la solidité de leur reprise économique ne peuvent qu'inquiéter les industriels allemands.Interrogé par Reuters, l'économiste Glenn Davies, du Crédit Lyonnais, a ainsi affirmé que ce chiffre "est sans doute quelque peu décevant par rapport aux anticipations du marché. Je pense qu'il s'agit peut-être des premiers signes montrant que la reprise dans l'Euroland risque de ne pas être épargnée par un ralentissement qui proviendrait des Etats-Unis. Le gros de la détérioration provient des anticipations. Je pense que cela reflète les craintes suscitées par les marchés boursiers et la situation mondiale, plus qu'autre chose". Sur le plan intérieur, les patrons allemands peuvent également trouver des causes de préoccupation. Guilhem Savry, économiste chez CDC Ixis, met en avant trois problèmes: "les grèves liées aux négociations salariales dans les services et la construction; la faible activité industrielle domestique; la hausse persistante du chômage". De fait, les grèves dures menées par les syndicats se traduisent par des accords salariaux qui vont se révéler coûteux pour les entreprises. Ce matin, par exemple, un accord salarial a été trouvé au terme de vingt-deux heures de discussions entre le syndicat de branche IG BAU et le patronat dans le secteur du bâtiment, engagé depuis plus d'une semaine dans un mouvement de grève. L'accord prévoit une hausse de salaires de 3,2% à partir du 1er septembre, suivie d'une hausse supplémentaire de 2,4% à partir du 1er avril 2003. Une prime mensuelle de 75 euros est également prévue pour les mois de juin à août de cette année. La grève aura ainsi duré neuf jours, un peu moins que celle organisée en mai par le puissant syndicat IG Metall. L'accord arraché dans ce secteur prévoyait 4% de revalorisation annuelle à compter du 1er juin et 3,1% au-delà du 1er juin 2003, ainsi qu'une prime. Mais le secteur du bâtiment, accablé par huit ans de récession, n'a pas les reins aussi solides que l'industrie métallurgique, et IG BAU avait été très critiqué pour son intransigeance alors que le BTP vient de traverser huit ans de récession. Dans l'est de l'Allemagne, par ailleurs, le moral des patrons s'est en revanche amélioré. Le baromètre Ifo y a augmenté de 0,5 point sur un mois en juin à 99,9 points. La composante mesurant la situation présente avance légèrement à 113,9 points, contre 113,7 points en mai. La composante des attentes, elle, progresse à 86,5 points en juin, contre 85,8 en mai.
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