La BCE entrouvre la porte à une baisse des taux

Même si la Banque centrale européenne a choisi cette fois encore de maintenir inchangé, conformément aux attentes, son taux d'intérêt directeur à 3,25%, le ton et les propos du président de la BCE laissent à penser qu'une baisse du loyer de l'argent d'ici la fin de l'année est possible. Si ni la chute des Bourses, ni le ralentissement avéré de la conjoncture, ni les appels d'économistes n'ont poussé les gardiens de l'euro à baisser aujourd'hui les taux, ils pourraient cependant bien le faire dans les mois avant la fin de 2002. Premier signal en direction des marchés: Wim Duisenberg note que les pressions inflationnistes diminuent dans la zone euro. Alors même si la BCE va rester "vigilante" - la hausse des prix du pétrole favorise une tension sur les prix - les préoccupations de l'institut de Francfort sont ailleurs. En effet, les gardiens de l'euro sont prêts maintenant à se porter au chevet de la croissance de la zone, qui continue de montrer des signes de faiblesse. La Commission européenne a ainsi une nouvelle fois revu en baisse sa prévision de croissance pour les troisième et quatrième trimestres 2002, en la fixant entre 0,2 et 0,5%, soit une baisse de 0,1 point sur sa précédente prévision (0,3-0,6%), en date du 6 septembre. Bruxelles justifie cette révision par la "détérioration des dépenses des ménages et de la demande extérieure au cours des derniers mois". Et pour l'avenir, la BCE ne fait pas preuve d'un optimisme délirant, ce qui peut constituer un deuxième signal. "Les espoirs d'une accélération de la croissance économique en 2002 ne se matérialiseront pas", souligne ainsi Wim Duisenberg, selon qui ce rebond surviendrait "au cours de 2003". Mais comme le président de la BCE, pas plus que le ministre français de l'Economie, n'est Mme Soleil, il ajoute qu'"il est difficile d'évaluer la date et l'ampleur du rebond" de l'activité.En plus du ralentissement de cette dernière, d'autres facteurs plaident en faveur d'une baisse du loyer de l'argent. C'est notamment le cas de la déroute des marchés boursiers - l'Euro Stoxx 50 s'est effondré de 43% depuis le début de l'année - mais aussi des craintes croissantes sur l'octroi de crédit de la part des banques, particulièrement en Allemagne. Sur ce dernier point, Wim Duisenberg se veut rassurant, indiquant qu'il ne voit pas de risque de tarissement du crédit dans la zone euro. Pourtant comme l'évoquent les économistes de CDC-Ixis dans une récente étude, le rapport mensuel de la Bundesbank du mois d'août indiquait que les banques allemandes sont moins enclines à prêter aux entreprises étant donné la dégradation de leur solvabilité et le manque de garantie. Moins de dangers inflationnistes, des risques financiers accrus et une croissance économique qui va en s'affaiblissant : les ingrédients d'un assouplissement de la politique monétaire semblent donc réunis dans la zone euro. Quelques économistes parient déjà sur une réduction de 50 points de base. Certains se prennent même à rêver d'une action concertée des deux côtés de l'Atlantique (lire article ci-contre): la prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) aura lieu le 6 novembre, veille du conseil des gouverneurs de la BCE où se prendra la prochaine décision monétaire... La France, pointée du doigt. Le scénario d'une baisse des taux ne devrait pas être contrecarré par l'actuel relâchement des politiques budgétaires des pays de la zone euro. L'objectif du Pacte de stabilité d'un retour à l'équilibre des finances publiques en 2004 existe certes encore juridiquement mais il ne sera tenu par aucune des grandes économies de la zone (Allemagne, France, Italie). Un report dont la BCE ne semble pas se formaliser outre mesure en raison de la conjoncture économique. Malgré tout, les gardiens de l'euro, conformément à leur rôle, rappellent à l'ordre les gouvernements et la France en particulier en demandant que la réduction du déficit structurel de 0,5% débute dès 2003. A Paris, le gouvernement Raffarin doit se sentir de plus en plus isolé.
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