L'industrie européenne oublie la récession

Le retour à l'expansion de l'industrie européenne se confirme avec la publication aujourd'hui des indices des directeurs d'achats européens (PMI). Sur l'ensemble de la zone euro, l'indice progresse en mai de 0,8 point sur un mois, à 51,5, soit 0,1 point au-dessus du consensus. Au-delà de 50, l'indice rend compte d'une expansion de l'activité manufacturière, en deçà, d'une contraction. En mai, on a donc assisté à une accélération de la croissance industrielle de la zone. Croissance et hausse des prix. Avec cette progression, l'activité manufacturière est au plus haut depuis février 2001. Le premier élément positif de cet indice est le bon comportement de la production dont l'indice croît de 0,5 point à 53,4. Mais l'autre bonne nouvelle est l'indice des nouvelles commandes qui lui aussi progresse de 0,4 point à 53, soit son plus haut niveau depuis janvier 2001. L'activité des entreprises ne devrait donc pas ralentir dans les mois qui viennent. D'autant que si l'indice des stocks reste négatif (indiquant une poursuite du déstockage), il remonte significativement de 1,8 point en mai à 48,1, montrant une tendance progressive à la reconstitution des stocks, ce qui serait un moteur supplémentaire pour la croissance. Seul point noir d'importance, cette accélération de la croissance s'accompagne d'une forte poussée des prix puisque l'indice des prix constatés par les directeurs d'achat bondit de 2,1 points à 56 en mai. Un signe plutôt inquiétant qui confirme le risque d'une reprise de l'inflation européenne à trois jours de la décision de la BCE sur les taux et alors que la masse monétaire en circulation dans la zone euro continue de progresser plus fortement que souhaité par les experts de Francfort.Bonne performance française. Derrière cet indice pour la zone euro, on constate néanmoins une grande disparité des réalités nationales. Les hausses les plus fortes de l'indice sont ainsi constatées en Grèce, en Espagne et en Irlande, tandis que l'Italie et l'Autriche connaissent des reprises plus faibles. Aux Pays-Bas, on constate même une chute de l'indice PMI. La France, elle, confirme sa bonne santé. Certes, la croissance du PMI français n'atteint pas les niveaux grecs ou espagnols, mais avec un indice à 52,8 en mai en hausse de 1,1 point, l'industrie hexagonale croît plus rapidement que celle des deux autres grandes économies de la zone euro, l'Allemagne et l'Italie.L'indice français est à son plus haut point depuis quinze mois. Si la production a réduit son expansion par rapport à avril (avec un indice à 54,4 contre 54,5), les nouvelles commandes progressent de 0,9 point à 54,7 et laissent présager d'une poursuite de la reprise industrielle française. Une reprise d'abord due aux exportations puisque l'indice des nouvelles commandes à l'export atteint son plus haut point depuis octobre 2000 à 54,9. L'enquête montre également que le restockage est plus fort en France que chez ses principaux partenaires.Les grandes économies tirées par l'export. En Italie, la progression de l'indice PMI est plus faible : +0,3 point à 51,8. En fait, la croissance de l'activité décélère dans tous les secteurs de l'industrie de la Péninsule, sauf pour les biens de consommation. L'Italie bénéficie également du restockage progressif des entreprises, mais le stimulus des exportations est moins vif puisque l'indice des commandes à l'export recule de 0,6 point à 52,2. L'économie allemande reste convalescente. L'indice PMI germanique gagne 0,7 point en un mois en mai, mais reste inférieur à 50 à 49,8, ce qui signifie que l'industrie n'est toujours pas en phase de croissance outre-Rhin. Les choses vont cependant nettement mieux, confirmant les chiffres publiés sur l'économie allemande le mois denier. L'Allemagne reste cependant encore trop dépendante de l'exportation puisque l'indice de ses nouvelles commandes (50,5, en hausse de 0,1 point) progresse nettement moins vite que l'indice des commandes à l'export (51,9, +0,5 point). Des éléments qui confirme un des traits principaux de l'économie allemande actuelle : la faiblesse de sa demande intérieure.Les conséquences sur l'emploi. L'amélioration de la conjoncture observée dans cette enquête va-t-elle enfin profiter à l'emploi européen ? On serait tenté de répondre positivement, mais en restant prudent. L'indice d'emploi au niveau européen reste négatif à 49,1, mais est en forte progression sur un mois (+1,5 point). Cela signifie que les entreprises continuent certes de réduire leurs effectifs, mais moins rapidement. En France, on a assisté en mai à la première amélioration de cet indice depuis huit mois et à son retour au niveau de juin 2001. L'accélération de la croissance de l'industrie devrait donc permettre une stabilisation du marché de l'emploi dans ce secteur dans les prochains mois. La conséquence devrait être une amélioration des chiffres du chômage. Mais, là encore, cette amélioration ne sera pas la même dans tous les pays de la zone euro.
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