Les consommateurs américains restent dubitatifs

La mauvaise humeur des consommateurs américains reste tenace. L'indice de confiance du Conference Board a ainsi encore dévissé en août : -3,1 points, à 93,5. Il s'agit de son plus faible niveau depuis novembre 2001. L'indice de situation présente s'effondre de 7,4 points à 92 en un mois, tandis que l'indice des attentes pour les six prochains mois recule de 1,6 point, à 94,5. Le premier enseignement de cet indice est que le consommateur américain a durement ressenti le ralentissement économique et la crise des marchés. Et la hausse des Bourses en août ne lui a pas vraiment redonné le moral. Parmi les ménages interrogés, ils ne sont plus que 16,6% à considérer que le climat des affaires est bon (contre plus de 20% en juillet). Ils sont en revanche toujours autour de 22% à considérer que le climat est mauvais. La même dégradation se ressent sur l'évolution de l'emploi. 17,2% des personnes interrogées par le Conference Board estiment que la situation de l'emploi est satisfaisante, contre 18,8% en juillet. Ils sont toujours 23% à ne pas être satisfaits de la situation de l'emploi. Pour l'avenir, une majorité de consommateurs s'attendent encore à une dégradation de la situation. Ils sont par ailleurs de plus en plus nombreux à considérer que de moins en moins d'emplois seront disponibles dans les six prochains mois (18,1% en août contre 17% en juillet). L'enseignement que l'on peut tirer de cette seconde dégradation consécutive de l'indice du Conference Board est que la consommation ne peut faire beaucoup mieux que se stabiliser outre-Atlantique dans les mois qui viennent. Pour reprendre les termes de la directrice du centre de recherche sur les consommateurs du Conference Board, Lynn Franco, le niveau actuel de la confiance permet "une continuelle, mais lente expansion économique". En tout cas, il y a fort à parier que, désormais, échaudés par la crise des marchés, les ménages américains se soucieront de plus en plus de leur situation financière (qui n'est guère bonne) et vont limiter au maximum leur consommation.Avant cette mauvaise nouvelle, la journée avait pourtant bien commencé outre-Atlantique où après le recul des commandes de biens durables de 4,5% en juin (contre 3,8% précédemment estimés), ce même chiffre avait montré une étonnante remontée en juillet : +8,7%, bien loin des +1,5% attendus par le consensus Reuters. Il s'agit de la plus forte progression de ces commandes depuis octobre 2001. Pour autant, ces chiffres doivent être immédiatement relativisés. Les nouvelles commandes d'avions représentent 47,91% de la hausse de juillet. Celles d'avions civils augmentent de 121,6% et les commandes de biens durables liés au transport progressent de 20,8% sur un mois. Hors transports, la hausse des commandes de biens durables est plus limitée en juillet : +3,9%. Il s'agit donc d'une correction parfaite de la baisse de juin puisqu'alors les commandes de biens durables hors transports avaient reculé de 3,9%.Il convient cependant de ne pas bouder son plaisir, car ce chiffre est rassurant : il montre que la baisse de juin, qui avait inquiété tout le monde, n'était que passagère et que la demande américaine ne s'est a priori pas effondrée. L'investissement, notamment, s'est très bien repris puisque les nouvelles commandes de biens d'équipement hors défense et transport sont en hausse de 8,1% en juillet après une baisse de 6,3% en juin. Le risque d'un arrêt brutal des investissements après la crise boursière semble donc écarté. On notera également les belles hausses des commandes de matériel informatique (+13,9% en juillet après -15,3% en juin) et de machines (+11,8% en juillet contre -4,6% en juin).En bref, il semble que l'on soit revenu au niveau de mai. Pas de quoi pavoiser, mais du moins l'on peut être rassuré : la croissance n'est pas, pour le moment, menacée. Mais la vigueur de celle-ci risque d'être bien faible. Confrontés à ces indices contradictoires, les marchés qui avaient salué en Europe les commandes de biens durables sont retombés brutalement après l'annonce de l'indice du Conference Board : l'Eurostoxx, qui avait gagné jusqu'à 3,5% vers 15 heures, affichait une hausse de 2% vers 16h30, avant de terminer en hausse de 3,38%. A New York, le Dow Jones, qui avait ouvert en hausse de 0,14%, chutait de 0,02% à 18 heures.
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