L'industrie européenne marque une pause

Alors que les doutes autour de la reprise aux Etats-Unis comme en Europe sont de plus en plus sensibles, l'indice d'activité des directeurs d'achat européens permet de saisir la réalité de ces craintes sur le Vieux continent. En progressant très légèrement de 0,3 point en juin, l'indice PMI de la zone euro se situe à 51,8, soit 0,1 point de plus que le consensus. Non seulement, donc, l'activité industrielle européenne est, pour le troisième mois consécutif, en phase de croissance, mais cette croissance continue de s'accélérer. Ce niveau record depuis février 2001 s'explique par la légère progression de la production et des nouvelles commandes (+0,1 point chacun à 53,5 et 53,1 respectivement). Evidemment, il convient sans doute plus de parler de stabilité des indices que de progression, mais leur niveau toujours supérieur à 50 prouve que l'Europe persiste dans la voie de la reprise. Sur le plan national, on remarque que les deux principales économies de la zone, l'Allemagne et la France, connaissent une progression de leurs industries. Outre-Rhin, la progression de 0,4 point de l'indice lui permet de franchir la barre des 50, à 50,2. Pour la première fois depuis mars 2001, l'industrie allemande a donc connu une expansion de son activité en juin. Une confirmation que l'Allemagne sort progressivement de la récession, mais il convient néanmoins de nuancer. La hausse de l'indice PMI allemand est avant tout due à la forte progression des nouvelles commandes à l'exportation (+0,9 point à 52,8). En revanche, la demande intérieure semble toujours aussi faible puisque l'indice général des nouvelles commandes recule de 0,4 point et ne s'accroît que très légèrement à 50,1. L'industrie allemande reste donc très fragile car elle dépend désormais exclusivement des exportations et donc de l'amélioration de la conjoncture internationale. Si la croissance mondiale et notamment américaine marque le pas, l'Allemagne retombera aussitôt dans la récession. La situation de la France est nettement plus enviable. Avec un indice PMI en hausse de 1,3 point en juin à 53,9, au plus haut depuis novembre 2000, l'Hexagone apparaît désormais comme la locomotive de l'industrie européenne. L'indice de production progresse de 1,2 point à 55,6, en grande partie en raison du re-stockage, mais le plus encourageant demeure le niveau élevé des nouvelles commandes. Avec un indice des nouvelles commandes en hausse de 1,4 point à 56,1, la France montre également sa capacité à répondre à la demande internationale, mais elle peut également compter sur une demande intérieure qui reste très dynamique. L'indice des nouvelles commandes à l'exportation ne progresse en effet que de 0,1 point à 55. Seul signe d'inquiétude : l'emploi. Craignant pour l'évolution de la conjoncture, les industriels français cherchent à réduire toujours plus leurs effectifs. L'indice d'emploi reste donc négatif et baisse même de 0,2 point à 49,3 en juin.Ailleurs, on remarque certains signes inquiétants au sud de l'Europe : l'Espagne et l'Italie voient leurs indices PMI reculer en juin, même si l'activité continue de progresser. En Italie, le recul est de 0,7 point à 51,1. En Espagne, il est de 1,5 point à 52,7. L'Espagne, qui était jusqu'ici le meilleur élève du continent, voit ses indices de production et de nouvelles commandes reculer très fortement (-1,3 point et -2,9 points respectivement). La grève générale du 20 juin y est peut-être pour quelque chose, mais la baisse de la demande finale est particulièrement palpable outre-Pyrénées. En Italie, on remarque un recul des commandes à l'exportation (-0,5 points) et, surtout, un fort recul de la production de biens d'équipement (-3,9 points). La Péninsule semble désormais payer ses problèmes de compétitivité.En bref, cet indice est rassurant, même s'il est mitigé. Il confirme que la reprise reste engagée en Europe. Il ne faut toutefois pas se cacher les difficultés : le ralentissement de la demande américaine fait peser un réel danger sur l'industrie allemande et italienne et la demande intérieure dans la zone reste faible. Dans ce contexte, la France demeure une des économies les plus résistantes, même s'il faut relativiser : la part de l'industrie est faible dans les PIB européens.
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