Le PIB américain flambe au 1er trimestre

Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a progressé de 5,8% en rythme annuel au premier trimestre 2002, selon l'estimation préliminaire publiée vendredi par le département du Commerce. Le dernier trimestre 2001 avait vu la croissance s'établir à 1,7%, après un recul de 1,3% le trimestre précédent.Ce chiffre très élevé montre que l'économie américaine a surmonté le choc lié aux attentats du 11 septembre dernier à une vitesse que personne n'aurait osé prévoir il y a trois mois. Ces derniers jours encore, les économistes tablaient au mieux sur un rythme annuel de croissance de l'ordre de 5% au premier trimestre.Fin du déstockage. La forte accélération de l'activité s'explique surtout par la fin du mouvement de déstockage qui avait marqué l'année 2001. Ce facteur explique plus de la moitié de la croissance du premier trimestre, selon le département du Commerce.Les dépenses de consommation, principal moteur de la croissance américaine, ont joué pleinement leur part dans la reprise économique, avec une progression de 3,5%, après une hausse de 6,1% au cours des trois derniers mois de 2001. Les achats de biens durables (automobiles, électroménager...) ont reculé de 8%, mais ce recul a été plus que compensé par une hausse de 8,4% des dépenses consacrées aux biens non durables. Les dépenses des administrations ont enregistré une croissance de 7,9%, grâce en particulier à un bond de 19,6% des dépenses militaires. A l'inverse, les investissements des entreprises ont plongé de 5,7% pendant les trois premiers mois de l'année, après un recul de 13,8% les trois mois d'avant, ce qui marque le cinquième trimestre consécutif de baisse. Un élément qui confirme que l'investissement des entreprises, qui constitue une composante indispensable de toute reprise durable de l'économie, n'est toujours pas là.Enfin, les investissements immobiliers ont enregistré une très forte progression, de 15,7%. Conditions exceptionnelles. L'activité américaine a en fait bénéficié au début de cette année de conditions très exceptionnelles. La politique de forte baisse des taux d'intérêt pratiquée par la Réserve fédérale américaine a fait sentir tous ses effets. Le gouvernement américain a lancé un ensemble de dépenses très importantes, liées notamment à la lutte contre le terrorisme et à l'équipement militaire. Quant au moral des ménages, durement affecté par les attentats, il s'est rétabli plus vite que prévu.Il est cependant fort probable que le rythme de croissance du premier trimestre ne se maintiendra pas longtemps. Jeudi, le chef économiste de l'OCDE Ignazio Visco mettait déjà en garde contre une "sur-réaction" à ce chiffre, soulignant qu'il resterait "exceptionnel".Affaiblissement de la croissance. La croissance, en fait, devrait s'affaiblir dans les trimestres à venir, et cela pour plusieurs raisons, explique Evariste Lefeuvre, économiste chez CDC IXIS Capital Markets. Les consommateurs ne bénéficieront plus de plusieurs facteurs favorables comme une politique fiscale accommodante et les crédits à taux zéro des constructeurs automobiles. Simultanément, "le coût de l'énergie pèsera sur leur pouvoir d'achat, tandis que le marché du travail demeurera faible, ce qui perturbera la consommation".Autres facteurs négatifs, estime l'économiste: "de nombreux Etats américains sont confrontés à des contraintes budgétaires qui vont les amener à réduire leurs dépenses; comme le dit le dernier Beige Book, 'les perspectives d'investissement demeurent assez limitées'; enfin, l'investissement immobilier résidentiel devrait ralentir".Il n'en demeure pas moins que d'ores et déjà, l'acquis statistique représenté par le chiffre du premier trimestre est important. Selon les calculs d'Evariste Lefeuvre, dans l'hypothèse où la croissance du PIB américain serait nulle pendant les trois prochains trimestres, le PIB augmenterait malgré tout de 1,2% sur l'ensemble de 2002...L'économie américaine est donc bien en train de sortir de l'ornière, mais les conditions d'une reprise régulière et soutenue ne sont pas encore forcément déjà réunies. Indice du Michigan. D'autant qu'une mauvaise surprise est venue un peu plus tard dans l'après-midi contredire l'effet positif de la croissance du PIB. En effet, l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan s'est établi à 93 en avril, en recul inattendu par rapport à une première estimation de 94,4.Ce recul a d'autant plus surpris les analystes qu'ils tablaient sur une progression du baromètre par rapport à la première estimation... Dans ce contexte mouvementé, les marchés se sont montrés hésitants. L'euro est resté ferme face au dollar, le billet vert ne profitant pas de la croissance du PIB américain. Quant aux marchés américains, les progressions enregistrées à l'ouverture, dans le sillage du PIB, ont été annulées par la publication de l'indicateur du Michigan (lire ci-contre).
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