L'économie allemande en récession

Pesant pour un tiers dans le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro, l'Allemagne est l'une des économies les plus regardées par les économistes pour se faire une idée du dynamisme de l'activité au sein des Douze. Ils ne seront donc guère surpris par les chiffres publiés ce matin par l'Office fédéral des statistiques: selon des estimations provisoires, la croissance allemande a été de 0,6% l'an dernier, à comparer avec les 3% enregistrés en 2000.Ce violent coup de frein s'est même traduit par l'entrée en récession technique de l'Allemagne au cours de l'exercice écoulé. Au quatrième trimestre, l'économie allemande a enregistré, selon l'Office fédéral, une légère contraction de son PIB. Cela avait déjà été le cas au deuxième (-0,03%) et au troisième trimestre (-0,14%). Malgré les baissses d'impôts décidées par le gouvenement Schroëder, la consommation des ménages, robuste en début d'année, s'est ensuite effondrée, causant ainsi ce ralentissement. Pour Alexandre Bourgeois, économiste chez Natexis Banques Populaires, l'économie allemande, en plus de ces facteurs conjoncturels, souffre également de "handicaps structurels". Avant tout, estime t-il, "le pays n'a pas encore complètement réalisé sa révolution dans les services". Le poids de l'industrie dans le PIB allemand est de 23,5% à comparer avec 15,5% pour les Etats-Unis et 19,1% pour la France. Dans un contexte économique mondial où le secteur secondaire était exposé, l'Allemagne s'est retrouvée en première ligne. L'autre handicap pointé du doigt par Alexandre Bourgeois est le coût élevé de la main d'oeuvre qui pèse sur la compétitivité de l'économie.Dans cet environnement difficile caractérisé par une hausse continue du chômage (le nombre de demandeurs d'emplois pourrait dépasser les 4 millions en janvier), le gouvernement allemand a dû laisser filer les déficits publics. L'Allemagne a enregistré l'an dernier un déficit de ses comptes de 2,6% du produit intérieur brut (PIB) après un excédent de 1,2% du PIB en 2000. Ce chiffre est légèrement supérieur aux prévisions du gouvernement, qui tablait sur un déficit de 2,5% en 2001.Selon le Handelsblatt de ce matin, la Commission européenne examine actuellement la possibilité de réprimander l'Allemagne, ainsi que le Portugal, pour avoir dépassé les objectifs de déficit public contenus dans le Pacte de stabilité et de croissance qui lie les pays de la zone euro. Ce déficit représente surtout une importante dégradation par rapport à 2000, année où le gouvernement avait toutefois bénéficié d'énormes recettes grâce à la vente des licences UMTS.Même si certains chiffres publiés ces derniers jours semblent attester d'un léger mieux outre-Rhin (progression des entrées en commandes, léger redressement du moral des industriels), l'année 2002 ne devrait pas être mirobolante. La sortie de récession devrait être lente. Pronostiquant une croissance de 1% cette année, Alexandre Bourgeois fait figure d'optimiste par rapport à l'institut économique berlinois DIW pour qui le PIB allemand ne devrait pas progresser de plus de 0,6%. Dans tous les cas de figures, cette faiblesse de la première économie de la zone euro pèsera sur les velléités de reprise au sein des Douze. La zone euro, incapable d'assumer le rôle de locomotive de l'économie mondiale à la place des Etats-Unis, devra sans doute attendre que le redémarrage de l'économie américaine soit véritablement amorcé pour accrocher les wagons de la reprise (lire article ci-contre). par Anne Eveno
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