"L'avenir de l'Allemagne est relativement bouché"

latribune.fr - Comment qualifiez-vous la situation actuelle de l'Allemagne ? Guilhem Savry - Cela fait longtemps que l'on sait que l'Allemagne est "l'homme malade" de la zone euro. Cet état de santé ne devrait pas s'améliorer, notre prévision de croissance pour 2003 est de seulement 0,6%. L'économie allemande doit faire face à une demande interne très faible. La dégradation du marché du travail (ndlr, le chômage a atteint les 10% en novembre) et les faibles créations d'emplois enregistrées font que les ménages, dont le revenu disponible stagne, sont peu enclins à consommer. Quant aux entreprises, elles doivent faire face à un coût du travail trop élevé. Pour préserver leurs marges, elles doivent réaliser des gains de productivité en ajustant l'emplois et/ou les salaires. Ces ajustements contribuent à détériorer davantage la confiance des consommateurs. Du côté de l'investissement, le tableau est aussi très morose. C'est notamment le cas dans la construction (ndlr, 54% de l'investissement productif). Ce secteur, en récession depuis 1996, a connu un léger mieux après les inondations de cet été mais l'effet a été de courte durée et on constate encore des surproductions dans ce domaine.latribune.fr - Quelles sont dans ces conditions les marges de manoeuvre du gouvernement Schröder ?On a du mal à imaginer une solution miracle, d'autant qu'aux éléments conjoncturels que je viens de décrire s'ajoutent des politiques budgétaires et monétaires trop restrictives. Les mesures adoptées par la coalition au pouvoir en Allemagne, centrées sur des hausses d'impôts et de cotisations sociales, sont négatives sur le plan économique. S'il peut apparaître positif de réduire les déficits publics, le gouvernement allemand, en se concentrant sur les recettes et en oubliant les dépenses, touche directement la consommation. De notre point de vue, l'avenir de l'Allemagne est relativement bouché pour les trois ans qui viennent. Néanmoins, nous ne pronostiquons pas non plus une récession qui durerait 10 ans mais plutôt une faible croissance, comprise entre 1 et 2%, pendant trois ou quatre ans.latribune.fr - La détente monétaire amorcée par la Banque centrale européenne (BCE) et la perspective d'une reprise de la demande extérieure ne permettent-elles pas d'entretenir une lueur d'espoir ?Le commerce extérieur peut en effet être un soutien certain à la croissance. Un redémarrage de la demande étrangère serait perçu comme un signe positif par les patrons allemands et devrait permettre de restaurer leur confiance. Mais il ne faut pas trop miser sur cet apport dans la mesure où il est extrêmement dépendant de facteurs externes et notamment géopolitiques. Par ailleurs, en 1999 et en 2000, la faiblesse de l'euro a permis aux entreprises allemandes de garder de la compétitivité. L'appréciation récente de l'euro, si elle se poursuit, devrait réduire cet avantage et compliquer un peu plus la tâche des entrepreneurs allemands.
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