Action concertée des banques centrales contre le yen

Nouvelle intervention des banques centrales sur les marchés cet après-midi. Mais, cette fois, ce n'est plus seulement, comme à l'accoutumée, la Banque du Japon (BoJ) qui a vendu ses yens. L'intervention a été concertée entre la BoJ, la Fed et la BCE. Vers 16h15, la Fed a racheté des dollars et vendu ses yens, tandis que la BCE cédait également des yens contre des euros. Cette dernière intervention a été confirmée par une porte-parole de la BCE à Francfort. Aussitôt, le cours de la monnaie japonaise est passé de 118 yens pour un dollar à 120,09 yens pour un dollar, soit une baisse de 1,77%. De même, la pièce bicolore est passée de 117,5 yens à 119 yens, soit une hausse de 2,12%. A 17h, l'euro valait 118,32 yens et le dollar 119,88 yens. Il faut dire que la BoJ semblait bel et bien impuissante pour contenir l'appréciation du yen sur les marchés. La banque centrale nipponne s'était engagée à maintenir le niveau du dollar autour de 123 yens, mais chacune de ses interventions était suivie d'une nouvelle dégringolade du dollar. En une semaine, le yen avait grimpé de 3,03%. L'affaire WorldCom et les doutes sur la croissance américaine ont en effet eu plus d'influence que les mises en garde de la BoJ. Face à l'euro, la monnaie japonaise était plus stable, mais avait bondi mercredi de 0,72% en une journée, l'euro passant sous les 118 yens. Cette hausse du yen reste la préoccupation majeure de la BoJ qui craint pour la compétitivité de ses entreprises alors que les exportations sont actuellement le seul moteur de la croissance au Japon. En faisant intervenir la Fed et la BCE, la BoJ a l'intention de montrer au marché sa détermination à ne pas accepter la hausse continuelle de la monnaie nipponne. L'intérêt des deux autres banques centrales est également évident : éviter une crise du dollar. Avec une affaire Xerox susceptible de s'ajouter au scandale WorldCom, une fuite des capitaux des Etats-Unis qui se confirme et les déclarations de Bush voulant laisser faire les marchés (lier ci-contre), cette possibilité se profilait de plus en plus. Hier, Romano Prodi s'inquiétait d'ailleurs de la hausse "trop rapide" de l'euro pour l'économie. Comme ce matin, l'euro a frôlé la parité avec le dollar, la BCE et la Fed ont voulu "casser" le mouvement d'effondrement du billet vert par un geste fort. Après l'intervention, l'euro est ainsi redescendu mécaniquement, repassant à 17h sous les 99 cents. Reste cependant à savoir si ce geste fort sera suffisant. Au cours des dernières semaines, la BoJ est intervenue six fois en vain. Les Banques centrales restent généralement impuissantes lorsque leurs interventions cherchent à "casser" le mouvement du marché. Après l'intervention, le yen a d'ailleurs repris sa course en avant. Ce matin dans le Wall Street Journal, le spéculateur George Soros, artisan de la crise du "serpent monétaire européen" de 1992, a annoncé que le dollar pouvait encore baisser. Le financier a même prévu une chute du dollar "d'un tiers" au cours des quelques prochaines années. Voilà qui présage encore d'une future bataille entre le marché et les banques centrales. Ces dernières en sortiront-elles vainqueur ? Rien n'est moins sûr.
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