L'industrie américaine se contracte à nouveau

L'industrie manufacturière américaine - qui représente un peu moins de 20% du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis - retombe dans ses travers du début de l'année. En effet, l'indice d'activité ISM de ce secteur, calculé par les directeurs d'achats, s'est établi à 49,5 le mois dernier. Pour la première fois depuis huis mois, cet indice est donc retombé sous le seuil des 50, ce qui signifie que ce secteur au moins de la première économie mondiale a renoué avec une phase de contraction. "Le secteur manufacturier est sur le point de retomber dans la récession", a souligné Norbert Ore, économiste de l'ISM, pour qui "stagnante et molle" sont les deux adjectifs qui décrivent le mieux l'activité manufacturière actuellement...Hier, la publication, pour la seule région de Chicago, d'un indice similaire très inférieur aux prévisions avait préparé les esprits à cette dégradation de l'ISM manufacturier. Certains s'attendaient même à une détérioration bien pire de l'indice d'aujourd'hui. Cela explique sans doute la faible réaction de Wall Street : le Dow Jones, qui a clôturé en baisse hier de 1,42%, progresse vers 16h45 de 0,94%, alors que le Nasdaq continue de perdre du terrain, à - 0,24% après - 2,26% hier.Au delà de la sécheresse du chiffre publié aujourd'hui, cette statistique révèle les incertitudes qui pèsent sur l'économie des Etats-Unis. Après avoir renoué avec une solide expansion au début de l'année, l'industrie et plus largement toute l'économie américaine ont connu un sérieux passage à vide. Au deuxième trimestre, la croissance du PIB s'est établie à 1,3% après 5% au cours des trois premiers mois de 2002. Ce ralentissement paraît s'être poursuivi au troisième trimestre comme en témoigne la déterioration progressive des indices ISM au cours de l'été ainsi que la dégradation du moral des consommateurs. Alors, même si la consommation des Américains reste solide, portée notamment par les achats d'automobiles, le rebond du début de l'exercice apparait aujourd'hui très fragile. Au point qu'Evariste Lefeuvre, économiste chez CDC-Ixis, estime que les Etats-Unis ne connaîtront "qu'une très faible croissance au dernier trimestre 2002 et au premier trimestre 2003". Dans ce contexte, faut-il craindre le fameux "double dip", soit un retour à la récession après l'éclaircie de la fin 2001? Les spécialistes de l'institut économique Rexecode ne retiennent pas ce scénario catastrophe même s'ils concèdent que "sa probabilité serait certes renforcée en cas d'intervention militaire en Irak". Selon les projections de Rexecode, le PIB des Etats-Unis devrait progresser de 2,3% cette année et de 2,7% l'an prochain, "la reprise restant bridée comme elle l'avait été au début des années 1990. L'activité serait tirée par la demande intérieure tandis que la demande extérieure nette continuerait de se détériorer".Le maintien de la consommation sur des niveaux élevés est largement dépendant de l'évolution du marché du travail. Après s'être nettement dégradé ces derniers mois, ce dernier pourrait montrer à l'avenir des signes de rétablissement. Selon une enquête publiée aujourd'hui par le cabinet Challenger, Gray and Christmas, les annonces de suppressions d'emplois dans les entreprises américaines ont chuté de 41% en septembre par rapport au mois d'août, pour tomber à leur plus bas niveau depuis 22 mois, à plus de 70.000. Mais on en saura véritablement plus vendredi sur la situation du marché de l'emploi avec la publication des chiffres du chômage pour le mois écoulé.
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