Sévère mise en garde d'Alan Greenspan contre le laxisme budgétaire

C'est un vibrant plaidoyer en faveur de la discipline budgétaire qu'a lancé jeudi Alan Greenspan, le président de la Réserve fédérale américaine, à l'occasion de son intervention devant la commission budgétaire de la Chambre des Représentants. Alan Greenspan a ainsi mis vigoureusement en garde contre les dangers qu'un "retour à un climat de déficits élevés et continus" ferait courir en termes de "taux d'intérêt élevés, faibles niveaux d'investissements et croissance moins élevée de la productivité".Brossant un tableau rapide de la situation de l'économie américaine, au début de son intervention, le patron de la Fed a affirmé que celle-ci "semble avoir bien résisté" aux chocs des douze derniers mois, dont la chute des marchés d'actions, celle des investissements et les attentats de septembre dernier. En revanche, a-t-il ajouté, "les effets dépressifs" de ces événements continuent à se faire sentir et à "influencer en particulier les perspectives du budget fédéral".Des propos mal accueills à Wall Street, où l'intervention d'Alan Greenspan a fait chuter les marchés. Trois quarts d'heure après le début de son intervention, le Dow Jones baissait de 1,67% et le Nasdaq de 2,20%.L'essentiel de l'intervention du patron de la Fed a été consacré aux inquiétudes que lui inspirent les perspectives d'une dégradation du budget américain. Sans doute, a-t-il reconnu, une partie de la dégradation récente des finances publiques tient à des phénomènes conjoncturels. Mais Alan Greenspan redoute une dérive structurelle résultant d'évolutions comme la baisse de l'impôt sur le revenu liée à la chute des valeurs mobilières. Selon les dernières prévisions du Congrès, l'Etat fédéral américain devrait accuser cette année un déficit budgétaire de 157 milliards de dollars contre un excédent de 127 milliards en 2001. Le Congrès prévoit la poursuite de déficits budgétaires jusqu'à l'année fiscale 2005. Des problèmes fondamentaux vont en outre monter en puissance, a-t-il lancé, mettant en avant le problème des retraites. Si la comptabilité publique prenait en compte les engagements futurs et non pas seulement les entrées et sorties de fonds de l'année, a-t-il précisé, la sécurité sociale américaine aurait enregistré "un déficit substantiel l'année dernière, à la place de l'excédent affiché".Dès lors, estime Alan Greenspan, il est indispensable de décider rapidement de réformes de fond comme celle des régimes de retraite. Et surtout, les règles actuelles qui limitent les possibilités de dérapage des finances publiques, qui expirent fin septembre, doivent être impérativement reconduites. En effet, a-t-il rappelé, "nous savons tous que les programmes de dépenses du gouvernement et les avantages fiscaux catégoriels sont faciles à lancer, mais qu'il est extraordinairement difficile de les réduire ou de les supprimer" par la suite.Et si le laxisme budgétaire devait reprendre le dessus, a-t-il prophétisé, alors le prix à payer serait élevé: "L'histoire a montré qu'un abandon de la discipline budgétaire finit par faire monter les taux d'intérêt, nuit à l'investissement, fait baisser la croissance de la productivité et oblige à des choix plus difficiles dans l'avenir".
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