L'Allemagne menacée par la récession

Mais où va la première économie de la zone euro ? La question se pose après la publication cet après-midi du très attendu indice de l'institut ZEW, mesurant les attentes de conjoncture en Allemagne pour les six mois à venir. Cet indicateur s'est littéralement effondré en novembre, chutant de 19,2 points par rapport au mois d'octobre pour s'établir à 4,2. Cette baisse, la cinquième consécutive, est beaucoup plus prononcée que ce qu'attendaient les économistes. Surtout, elle ramène cet indice sous son niveau d'octobre 2001, ce qui "signale un risque de récession accru", d'après l'institut ZEW. "Les attentes signalent un effondrement de la conjoncture au premier semestre 2003", interprète le président du ZEW, Wolfgang Franz, cité dans le communiqué. La dégradation continue de cet indice depuis le début de l'été illustre les difficultés rencontrées par l'Allemagne, pénalisée par la baisse de la demande interne et la dégradation de l'environnement international. Pour Guilhem Savry, économiste chez CDC-Ixis, cette baisse montre également que "la hausse des marchés d'actions observée ces dernières semaines n'a pas été suffisante pour compenser la très faible activité". Dans ces conditions, une reprise du marché du travail dans les mois à venir semble assez peu probable (le nombre de chômeurs a augmenté de 22.000 en octobre, portant à 9,9% le taux de chômage). Cette détérioration de l'emploi pèse bien évidemment sur la consommation, déjà très molle outre-Rhin. De même qu'elle ne pourra compter sur le soutien de la consommation privée, l'Allemagne devrait aussi faire les frais d'une très faible activité industrielle. Hausse du nombre de faillites, augmentation de la fiscalité appliquée aux entreprises, volonté de ces dernières de réduire leur endettement, renchérissement de l'euro face au billet vert, tous ces facteurs brident l'investissement des industriels allemands.Dans ces conditions, nul doute que la publication demain par les "cinq sages", économistes conseillant le gouvernement, de leur analyse conjoncturelle d'automne sera suivie avec attention. Ils devraient réviser à la baisse leur prévision de croissance pour 2003, la ramenant à environ 1%. Ce scénario, qui dépeint une Allemagne au bord de sa deuxième récession en deux ans, relance les spéculations sur une détente de la politique monétaire de la Banque centrale européenne dès le mois de décembre. Guilhem Savry est convaincu que la BCE sera contrainte de baisser le loyer de l'argent de 50 points de base et ce malgré les manquements de Berlin à l'objectif de réduction des déficits publics (lire article ci-contre).
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