L'Italie paralysée par la grève générale

Comme prévu, l'activité de la troisième économie de la zone euro s'est arrêtée à 10 heures ce matin. Pour contrer la politique de libéralisation du marché du travail du gouvernement Berlusconi, les trois principaux syndicats italiens, la Cgil (proche de la gauche), l'Uil (proche du centre) et la Cisl (catholique) ont appelé à cesser le travail et à manifester.Dans tout le pays, les écoles, les postes, les banques, et les transports se sont arrêtés. Alitalia avait prévu d'assurer un tiers de son trafic, tandis que la plupart des compagnies étrangères ont annulé leurs vols. Fiat a fermé l'ensemble de ses usines alors que, selon la Cgil, 90% des salariés de Fiat Piémont, 95% de ceux de Pirelli et 100% de ceux d'Electrolux Zanussi et d'Italcementi se sont joints au mouvement. Les gares étaient vidées de leurs passagers habituels, tandis que des salariés se rendaient sur leurs lieux de travail à pied ou en voiture. En revanche, la plupart des magasins et des boutiques étaient restés ouverts.A Milan, un cortège s'est ébranlé de la Porta Venezia à 10h15. Selon l'agence italienne Ansa, le nombre des manifestants était "impossible à évaluer", mais le cortège était "le plus imposant de ces dernières années". Les banderoles des manifestants revendiquaient "plus de droits et de protections pour la dignité de la personne". A Rome, l'ancien président du Conseil, le démocrate de gauche Massimo d'Alema, s'est joint au cortège romain, évalué à 200.000 personnes par les syndicats, qui s'est ébranlé depuis la Place du Peuple. Pour lui, cette grève est "un acte de défense de tous les droits fondamentaux des travailleurs". A Florence, on comptait vers 11h30 "entre 300.000 et 400.000 manifestants", selon la Protection civile et les organisateurs du défilé. A Turin, le nombre de manifestants était estimé à 150.000. Des manifestations ont été organisées également dans les petites villes du pays, comme par exemple à Potenza (sud).Selon le président de la Cisl, Savino Pezzotta, présent à Milan, "90% des travailleurs italiens ont cessé le travail". Selon lui, "le gouvernement avait parié sur l'échec de la grève". "Voici la réponse, nous sommes des millions de travailleurs dans les rues d'Italie", a-t-il conclu. En fin de journée la Cisl a évoqué le chiffre de 13 millions de grévistes au total.L'intervention la plus attendue était celle de Sergio Cofferati, le président de la Cgil. Dans son allocution devant les manifestants romains, il a parlé d'une "journée extraordinaire". "Le gouvernement et les entreprises savent désormais que nous ne nous arrêteront pas tant que nos objectifs n'auront pas été atteints", a-t-il ajouté à la fin de son discours.L'origine de cette grève de huit heures fut la décision du gouvernement de modifier l'article 18 du code du travail. Cet article prévoit la réintégration d'un salarié licencié abusivement. Le gouvernement souhaite remplacer cette réintégration par une compensation financière. En fait, l'article 18 est le prétexte à une remise en cause de la politique de libéralisation de Silvio Berlusconi et à la dénonciation de l'absence de dialogue social. Le président du Conseil a d'ores et déjà réagi en "prenant acte de la grève" et en promettant de rouvrir le dialogue social. Mais, il a précisé qu'il ne reviendrait pas sur son projet de réforme et il n'a de cesse de prendre l'exemple de Magaret Thatcher qui, au début des années 1980, avait brisé la grève des mineurs. Il a reçu le soutien du patron du Medef. Selon Ernest-Antoine Seillière, la France "ne devrait pas critiquer le méthode énergique de Silvio Berlusconi", alors que, dans notre pays, "on n'ose plus rien faire depuis 1995".
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