Et si Carly avait raison ?

La fusion HP-Compaq n'aurait sans doute jamais eu lieu si Carly Fiorina, P-DG de Hewlett Packard, ne s'était battue avec un tel acharnement. Les marchés financiers l'ont sévèrement punie. Les analystes de Wall Street ont descendu son projet en flammes. Les concurrents n'ont pas manquer de se gausser. "Très bonne nouvelle pour nous," s'est réjoui Michael Dell, patron du groupe éponyme. "C'est comme deux camions poubelles prêts à se rentrer dedans," a renchéri le toujours subtil Scott McNealy, P-DG de Sun. Certains actionnaires ont protesté. Les injures ont parfois volé bas.Et puis, sûr, il y eut Walter Hewlett. Le fils du fondateur de HP a donné tous les coups possibles et imaginables - ne rechignant pas le cas échéant à frapper sous la ceinture. Carly ne songe qu'à se remplir les poches. Carly achète les jets privés les uns après les autres. Carly ne se déplace jamais sans son coiffeur. Carly ment sur les chiffres. Carly a manipulé le vote des actionnaires approuvant la fusion avec Compaq. Walter a fini par traîner Carly devant les tribunaux. Il a perdu.Et voilà que la boucle est bouclée : A.M. Saconnaghi a changé d'avis. M. Saconnaghi est analyste pour le courtier Sanford C. Bernstein. Il a été l'un des plus critiques vis à vis de la fusion avec Compaq. Mais, lundi matin, le New York Times annonçait qu'il venait de recommander l'achat de l'action Compaq, pour la première fois en deux ans. Il a souligné combien l'effort d'intégration des deux groupes avait été "énorme et diligent". La suppression des coûts - et, malheureusement, de 15 000 emplois - va améliorer les comptes du groupe. La cap est tracé, même si les coups de barre de dernière minute ne sont pas interdits. Il vient ainsi d'être décidé de conserver la marque Compaq, contrairement à ce qui était prévu initialement.Carly n'aura pas le temps de savourer sa victoire. La fusion n'est pas seulement affaire d'économie d'échelle. Il faut réussir l'intégration sur le terrain, et prouver que le nouvel ensemble a plus de valeur que la somme de ses deux éléments. Analystes et investisseurs demandent à voir - mais il ne jurent plus que le pari est perdu d'avance. C'est déjà beaucoup.
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