L'inquiétude domine encore sur le marché des puces

Mauvais signe pour le secteur des semi-conducteurs : l'indice boursier phare du secteur, le Philadelphia Stock Exchange Semiconductor Index, en abrégé le "Soxx", a terminé la séance d'hier sur une baisse de 4%, à 296,22, un niveau qu'il n'avait plus atteint depuis novembre 1998. Cette baisse persistante du moral boursier sur le secteur reflète la montée de l'inquiétude sur ses perspectives. Car si Intel a brièvement soulagé les investisseurs il y a deux semaines en confirmant ses objectifs de chiffre d'affaires pour le trimestre en cours, le répit a été de courte durée : Philips, en annonçant jeudi de nouvelles restructurations dans sa division Semi-conducteurs (lire ci-contre), a réveillé les craintes d'un nouvel accès de faiblesse des ventes sur les derniers mois de l'année.Les ventes de PC pour la période cruciale de la rentrée, malgré des prix serrés, semblent avoir démarré lentement aux Etats-Unis. Au point qu'Intel et son grand concurrent AMD ont lancé simultanément deux campagnes publicitaires de très grande envergure aux Etats-Unis pour tenter de réveiller l'intérêt des consommateurs et des entreprises pour les ordinateurs équipés de leurs processeurs. Mais il est peut être déjà trop tard : pour les observateurs du secteur, les dépenses informatiques des entreprises ne reprendront certainement pas avant la fin de l'année et le marché du PC pourrait bien connaître sa deuxième année consécutive de baisse. Quant au marché des équipements de télécommunications, lui aussi très gourmand en puces, il va plus mal encore, comme l'a prouvé vendredi l'avertissement de Lucent. Les analystes de Prudential Securities et de Merrill Lynch ont revu hier à la baisse leurs prévisions pour les fabricants de semi-conducteurs spécialisés dans les télécoms : pour eux, des groupes tels que PMC-Sierra, Applied Micro Circuits, Vitesse Semiconductor et même Texas Instruments, la vedette du secteur, risquent de souffrir au cours des prochains mois des pressions sur les prix et de la baisse des ventes sur certains segments. Merrill Lynch souligne notamment que les stocks d'équipements de communications sont aujourd'hui à 23% au-dessus de leurs niveau moyen pour cette période de l'année. Le marché des combinés mobiles sera toutefois l'exception, grâce au succès des nouveaux modèles des grands fabricants dotés d'écrans couleurs, voire d'appareils photo.L'électronique grand public, ralentissement de la consommation des ménages oblige, ne sera en revanche pas un relais de croissance efficace. Les difficultés de Philips le prouvent et le profit warning d'ESS, un producteur de puces pour lecteurs DVD, le confirme : dans un contexte de baisse rapide des prix sur ces produits, les volumes actuels ne suffisent pas à compenser l'effondrement des marges. Autres industriels à souffrir de la déprime actuelle : les fondeurs, ces sous-traitants haut de gamme assurant la fabrication de puces conçues et développées par d'autres. La semaine dernière, l'inquiétude avait été nourrie par des informations sur le décollage plus lent que prévu de la nouvelle génération de fabrication, à base de galettes de silicium de 300 millimètres de diamètre, chez les taïwanais TSMC et UMC, respectivement numéros un et deux du secteur. Hier, c'est leur compatriote Chartered Semiconductor, n°3 mondial, qui a reconnu qu'il n'atteindrait pas ses objectifs de résultats financiers trimestriels. Banc of America prévoit désormais que les chiffres d'affaires des fondeurs stagneront au troisième trimestre et baisseront au quatrième. Et les équipementiers ne sont pas en reste : le néerlandais ASML, qui fournit aux fabricants les machines de gravure des semi-conducteurs, parfois vendues plus d'un million de dollars pièce, a souligné récemment le ralentissement des entrées de commandes.
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