L'UE inflige une lourde amende à Nintendo et à sept distributeurs

La sanction était attendue. Elle n'en est pas moins lourde : le montant total des amendes infligées par la Commission européenne à Nintendo et à sept de ses distributeurs européens atteint 167,8 millions d'euros, dont 149 millions à la charge du seul groupe japonais. L'enveloppe se classe au cinquième rang des plus importantes sanctions financières jamais imposées à un cartel par la Commission, a souligné la porte-parole de cette dernière, Amellia Torres. Bruxelles reproche à Nintendo et aux distributeurs condamnés de s'être entendus sur les prix pour empêcher "les exportations de pays à bas prix vers des pays à prix élevés". Et si la note du groupe nippon, concepteur du GameCube et des jeux Super Mario, est si salée, c'est pour refléter sa taille sur le marché, expliquent les gendarmes européens de la concurrence, mais aussi parce que Nintendo a été le "meneur" de l'affaire et parce que l'entreprise a maintenu ses pratiques répréhensibles "même après avoir été informée que l'enquête était en cours". Le groupe nippon, qui avait déjà inscrit dans ses comptes des fonds destinés à payer l'amende, a décidé de faire appel, "au vu du montant de l'amende" qu'il juge "surprenante". Parmi les distributeurs visés se trouvent notamment le britannique John Menzies, le portugais Concentra, l'italien Linea GIG et le suédois Bergsala. "Chaque année, des millions de familles européennes consacrent des sommes importantes aux jeux vidéo. Elles ont le droit d'acheter les jeux et les consoles au prix le moins élevé que le marché peut leur offrir, et nous ne tolérerons pas de comportements collusoires destinés à maintenir des prix artificiellement élevés", déclare dans un communiqué Mario Monti, le commissaire européen chargé de la concurrence. Or la Commission estime avoir réuni des preuves établissant que Nintendo et ses distributeurs se sont entendus pour maintenir des écarts de prix "artificiellement élevés" dans l'UE entre 1991 et 1998. En clair, les distributeurs veillaient à empêcher le commerce parallèle au départ de leurs territoires respectifs, Nintendo assurant la coordination de ces actions. "Les opérateurs qui autorisaient les exportations parallèles ont été sanctionnés par la réduction de leur approvisionnement ou par un boycott total", poursuit la Commission. Cette organisation visait à l'évidence à éviter que le consommateur européen profite des importants écarts de prix constatés entre certains pays membres. Selon les enquêteurs bruxellois, "certains produits Nintendo ont été jusqu'à 65% moins chers au Royaume-Uni qu'aux Pays-Bas et en Allemagne". Des écarts qui valaient aussi bien pour les consoles de jeu que pour les logiciels. "Pour mesurer le préjudice infligé aux consommateurs, il suffit de savoir que Nintendo a vendu 5 millions de consoles et 12 millions de cartouches de jeux en Europe rien qu'en 1997", note Bruxelles.20,4 millions d'euros d'amende pour Sotheby's, clémence pour Christie's. Dans une autre décision très attendue, la Commission européenne a infligé une amende de 20,4 millions d'euros à la maison de vente aux enchères Sotheby's, pour entente illicite avec sa concurrente Christie's. Celle-ci échappe en revanche aux foudres des services de Mario Monti grâce à sa coopération avec eux : c'est elle qui avait dénoncé la première cette entente. Bruxelles estime que les deux premières maisons d'enchères d'objet d'art du monde "ont enfreint les règles de concurrence de l'UE en s'entendant pour fixer les commissions de vente et d'autres commissions commerciales entre 1993 et début 2000". Sotheby's s'est engagé à payer l'amende, qui correspond à 6% de son chiffre d'affaires mondial.
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