La restructuration reste la priorité pour Lucent et Alcatel

Après le profit warning du 13 septembre dernier et l'annonce, au début de ce mois, de 10.000 suppressions d'emplois supplémentaires, Lucent ne faisait qu'ajouter à la longue litanie des mauvaises nouvelles entamée en 2000. Il continue sur cette voie aujourd'hui à l'occasion de la publication des résultats du quatrième trimestre de son exercice 2002 (clos le 30 septembre), en annonçant des prévisions pessimistes pour les mois à venir. Sur la période juillet-septembre, les ventes de Lucent, à 2,28 milliards de dollars, affichent un recul de 23% par rapport au trimestre précédent. La comparaison sur un an est encore plus cruelle, avec une chute de 56% des ventes. Et le groupe n'a pas encore touché le fond : l'activité du premier trimestre de l'année fiscale 2003 (octobre-décembre) devrait être au mieux stable, voire en baisse "d'environ 10%" sur les trois derniers mois. Les ventes pourraient ainsi se rapprocher dangereusement de la barre symbolique des deux milliards de dollars, alors même que les restructurations en cours visent à ramener le point d'équilibre à 2,5 milliards de chiffre d'affaires. Au-delà de décembre, le groupe, "sans pour autant prévoir une quelconque amélioration du marché dans son ensemble", espère, en se basant sur "des contacts avec ses clients" voir son chiffre d'affaires tendre vers ce seuil de 2,5 milliards dès le deuxième trimestre de l'exercice (janvier-mars). Le groupe reste donc logiquement dans le rouge, pour le dixième trimestre consécutif : sur les trois derniers mois, la perte atteint 2,88 milliards de dollars, soit 84 cents par action. Malgré tout, Patricia Russo, la PDG du groupe, s'efforce d'afficher sa résolution : "notre première priorité est de ramener Lucent à la rentabilité avant la fin de l'année fiscale 2003" (soit septembre prochain), affirme-t-elle. L'exercice 2002 restera sans doute comme l'un des pires de l'histoire du groupe : sur l'ensemble de l'année, le chiffre d'affaires a chuté de 37% à 12,2 milliards de dollars, et les pertes totales ont atteint 11,95 milliards. Les effectifs, eux, sont passés dans le même temps de 77.000 à 47.000 personnes. Ils devraient tomber à 35.000 personnes d'ici un an, l'essentiel des 12.000 suppressions de postes encore au programme devant être réalisé avant la fin mars. Car Lucent reste en situation financière périlleuse : sa trésorerie devrait tomber à deux milliards de dollars d'ici septembre 2003 (contre 4,4 milliards, investissements à court terme compris, au 30 septembre dernier, soit un milliard de moins qu'à la fin juin). Malgré cela, "nous avons suffisamment de liquidités pour financer notre redressement et traverser ce bas de cycle prolongé", assure le directeur financier, Frank D'Amelio.En milieu de séance à Wall Street, l'action Lucent, après avoir ouvert en baisse, gagne 2,78% à 0,74 dollar. Alors que sa capitalisation a chuté à 2,4 milliards de dollars, le groupe a annoncé vendredi dernier qu'il envisage un regroupement de titres (reverse stock split), mesure destinée à ramener son cours de Bourse entre 15 et 25 dollars, afin d'éviter une exclusion pure et simple du New York Stock Exchange.Alcatel CIT va supprimer un emploi sur huit. "En raison de la persistance de la crise que traverse le marché des télécommunications", la principale filiale d'Alcatel va intensifier son programme de réduction des coûts et supprimer 1.060 emplois en 2003, ramenant ses effectifs à 7.000 personnes à la fin de l'an prochain. Cette annonce fait partie des mesures de restructuration annoncées récemment par le groupe. Les suppressions de postes chez Alcatel CIT - dont les modalités restent à négocier - s'inscrivent donc dans le total de 23.000 prévu par le groupe d'ici la fin 2003. D'ici quinze mois, Alcatel doit ainsi ramener ses effectifs à 60.000 personnes, contre 113.000 fin 2000. En Bourse, Alcatel a chuté de 15,75% mercredi pour clôturer à 3,53 euros.
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