Steve Case n'excluerait pas une scission d'AOL Time Warner

Propos désabusés d'un patron très critiqué ou ballon d'essai pour tenter de susciter l'intérêt des investisseurs ? Mystère. Mais l'information publiée par le Wall Street Journal suscite à l'évidence l'intérêt de certains investisseurs. Selon le quotidien américain Steve Case, le président d'AOL Time Warner, a évoqué devant des cadres dirigeants du groupe la possibilité d'une scission du n°1 mondial des médias, pour séparer de nouveau AOL et Time Warner et revenir au statu quo ante qui précédait la fusion géante annoncée en 1999. Le Wall Street Journal le reconnait : il est difficile de savoir si Steve Case considère cette hypothèse comme "un projet économique réaliste" ou si elle est "juste une expression de sa propre frustration face aux critiques". Mais les auteurs de l'article assurent qu'il l'a formulée récemment à plusieurs reprises. Si Steve Case s'est refusé à tout commentaire, un porte-parole du groupe leur a assuré qu'il n'existe "aucun projet de scission d'AOL". Il est vrai qu'il ne manquerait pas d'argument pour défendre un projet de scission : alors que la fusion entre le premier fournisseur d'accès Internet du monde et le géant des médias (cinémas, télévision, presse écrite...) qu'est Time Warner était fondée sur le modèle de la convergence entre les nouveaux supports électroniques et les très riches contenus du groupe, ce concept a depuis été sévèrement remis en question. Parallèlement, le cours de Bourse de l'action AOL Time Warner a été divisé par quatre depuis la fusion effective des deux groupes début 2001, et AOL est devenu la division malade du groupe, objet de toutes les préoccupations et de nombreuses restructurations. Au point de coûter son poste au bras droit de Steve Case chez AOL, Bob Pittman. Et de contraindre le groupe à annoncer, la semaine dernière, qu'il allait retraiter ses résultats des derniers trimestres pour en soustraire quelque 190 millions de dollars de chiffre d'affaires, une décision qui fait mauvais effet pour un leader mondial (lire ci-contre).Si Steve Case envisageait sérieusement de rendre son indépendance à AOL, il trouverait sans doute un chaude partisan en la personne de Ted Turner, note le Wall Street Journal. L'ex-fondateur de CNN, qui est l'un des premiers actionnaires du groupe, est très critique envers AOL et envers Steve Case, dont il souhaiterait ardemment le départ.A Wall Street, les investisseurs seraient sans doute au moins aussi intéressés : à leurs yeux, la restructuration en cours d'AOL pèse sur le cours de Bourse d'AOL Time Warner, qui décollerait sans doute en cas de scission. Sans pour autant qu'AOL perde toute valeur : après tout, note le Wall Street Journal, le fournisseur d'accès pourrait dégager 1,4 milliard de dollars de cash-flow l'an prochain, soit plus de quatre fois celui de Yahoo! valorisé près de neuf milliards de dollars...Sur le New York Stock Exchange, à la mi-journée, l'action AOL Time Warner reculait de 2,2% à 14,35 dollars.
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