Lexmark, cheval de Troie de Dell sur le marché de l'impression

Dell avait confirmé en août la rumeur qui courait le marché depuis plusieurs mois : le premier constructeur mondial d'ordinateurs entendait se lancer sur le marché de l'impression, un relais de croissance non négligeable alors que le marché du PC peine à se reprendre et que les marges y diminuent rapidement. Cette volonté affichée se concrétise aujourd'hui par l'annonce d'un accord stratégique et commercial avec Lexmark, l'un des premiers constructeurs d'imprimantes du monde.Ce "partenariat" s'articulera en deux phases : à court terme, Lexmark sera, sous sa marque, un "fournisseur privilégié" de Dell pour les produits d'imagerie, notamment pour la période des fêtes de fin d'année. Ce n'est qu'au second semestre de l'an prochain que Dell commencera la commercialisation sous sa marque de produits développés par Lexmark et dotés de fonctions "spécifiques à Dell". Ni les objectifs commerciaux, ni les termes financiers de l'accord ne sont rendus publics. Mais l'enjeu est connu : Dell génère déjà plusieurs centaines de millions de dollars de chiffre d'affaires annuel dans la vente d'imprimantes. D'où la volonté du groupe de devenir un acteur direct de ce marché, pour dépasser le statut de simple distributeur. Et pour s'assurer une source de revenus récurrents, par la vente de consommables. Car le modèle économique de ce marché est clair, comme le reconnaissait Michael Dell lui-même en juin dans un entretien à La Tribune : "personne ne gagne d'argent en vendant des imprimantes. On gagne de l'argent en vendant des cartouches d'encre et divers consommables", expliquait-il. Or jusqu'à présent, si un bon nombre de clients de Dell lui achetait aussi bien des imprimantes que des PC, ils se tournaient ensuite vers d'autres distributeurs pour renouveler leurs cartouches d'encre. Désormais, le groupe texan espère conserver cette clientèle pour augmenter ses marges.Pour Lexmark, les perspectives engendrées par l'accord sont plus difficiles à appréhender : le groupe, qui génère un milliard de dollars de ventes par trimestre - dont plus de 50% proviennent désormais des consommables - a vu sa croissance freinée et sa rentabilité entamée l'an dernier par la crise du marché du PC. L'ancienne division spécialisée d'IBM, indépendante depuis onze ans, a donc sans doute beaucoup à gagner à resserrer ses liens avec Dell, qui résiste plus que bien à la crise. Mais après avoir mis une décennie à construire sa marque, elle prend le risque de voir celle-ci phagocytée par celle de son puissant allié et de devenir trop dépendante de Dell. Au point que certains observateurs imaginent déjà son rachat pur et simple par le géant texan. En Bourse, l'action Lexmark profite déjà de la signature de l'accord : elle gagnait 9,89% à mi-séance à 46,67 dollars. A ce niveau, la capitalisation boursière du constructeur d'imprimantes frôle les six milliards de dollars.
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