Deutsche Telekom a perdu 24,5 milliards d'euros en neuf mois

Préparés au pire, les investisseurs n'ont pas été déçus par les résultats publiés cet après-midi par Deutsche Telekom pour les neuf premiers mois de l'année. Heureusement, ils n'ont pas non plus été désagréablement surpris : le fardeau des pertes ne dissimule, a priori, aucune nouveauté inquiétante. D'où le soulagement exprimé à la Bourse de Francfort par une hausse de 4,1% de l'action "T", à 11,69 euros en fin de séance.Comme attendu, l'opérateur allemand va inscrire son nom à la tête du classement des entreprises ayant affiché les plus grosses pertes de l'histoire : entre le 1er janvier et le 30 septembre, il a accumulé une perte nette de 24,5 milliards d'euros, essentiellement générée par les charges exceptionnelles liées aux dépréciations d'actifs. Au total, les charges pour dépréciation ont atteint 22 milliards d'euros avant impôt sur les trois premiers trimestres de l'année, dont 18 milliards pour la seule filiale mobile américaine. Autre décision attendue : si la réduction de la dette - 64 milliards d'euros fin septembre, soit 200 millions de moins qu'à la fin juin - reste la priorité, l'objectif de ramener son montant sous les 50 milliards fin 2003 n'est plus garanti. Deutsche Telekom espère l'abaisser dans une fourchette comprise entre 49,5 et 52,3 milliards. "Notre avenir s'appelle d"sendettement conséquent et croissance organique", a résumé Kai-Uwe Ricke, le PDG fraîchement élu (lire ci-contre), reconnaissant que "la situation de Deutsche Telekom est très sérieuse". Le conseil d'administration a donc pris les premières mesures symboliques destinées à démontrer sa détermination. Les actionnaires ne toucheront donc l'an prochain aucun dividende au titre de 2002, évitant au groupe de débourser 1,6 milliard d'euros. Au-delà, les investissements vont être limités à 6,7 milliards en 2003, soit un milliard d'euros de moins que prévu et 1,8 milliard de moins que cette année. Bien entendu, la cession des actifs non-stratégiques va se poursuivre : la vente du parc immobilier, des réseaux câblés et d'autres participations devrait rapporter 6,2 à 8,5 milliards d'euros d'ici la fin de l'an prochain. Concernant les cinq réseaux câblés régionaux dont la vente à Liberty Media a été interdite par les autorités de la concurrence, elle devrait être bouclée au premier trimestre de l'an prochain, assure le groupe, mais pour un montant "légèrement inférieur aux indications antérieures". En revanche, il n'est pas question de revenir, de quelque manière que ce soit, sur l'acquisition de l'opérateur mobile américain VoiceStream, rebaptisé depuis T-Mobile USA. Le groupe n'entend pas fusionner et encore moins céder sa filiale dans le seul but de réduire sa dette. Il ne ferme pas pour autant toutes les portes à un éventuel rapprochement avec l'un des cinq autres grands opérateurs mobiles du marché américain, expliquant que "toutes les opérations seront évaluées selon leurs propres mérites". Sur le plan commercial, T-Mobile USA reste en effet un moteur de croissance : la filiale a augmenté de 11% le nombre de ses abonnés et de 16% son chiffre d'affaires au troisième trimestre par rapport à la même période de l'an dernier.Pour défendre sa décision, le groupe peut mettre en avant les progrès réalisés en termes de rentabilité opérationnelle : sur les neuf premiers mois de l'année, son Ebitda (équivalent de l'excédent brut d'exploitation) a atteint 12 milliards d'euros, en hausse de 5,6% par rapport à l'an dernier. L'Ebitda du troisième trimestre ressort donc à 4,24 milliards, légèrement au dessus des prévisions moyennes des analystes (4,2 milliards selon le consensus Reuters).Pour l'an prochain, Deutsche Telekom prévoit un Ebitda de 16,7 à 17,7 milliards d'euros. L'année prochaine devrait aussi voir la montée en puissance des réductions d'effectifs : le groupe entend toujours supprimer 43.400 postes d'ici la fin 2005, dont un peu plus de 24.000 chez T-Com, sa division de téléphonie fixe. Au total, la réduction des dépenses devrait générer dès l'an prochain une économie de 1,5 milliard d'euros.Amélioration de la marge au troisième trimestre. Sur la période juillet-septembre, le chiffre d'affaires de Deutsche Telekom a atteint 13,423 milliards d'euros, contre 12,984 milliards sur les trois mois précédents. L'Ebitda, lui, augmente plus nettement, à 4,203 milliards, contre 3,975 au cours du trimestre précédent. La marge opérationnelle du groupe atteint ainsi 31,3% sur le troisième trimestre. Le résultat net après exceptionnels, lui, atteint évidemment un record, avec une perte de 20,619 milliards d'euros.
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