Colt Telecom se défend contre une menace d'administration judiciaire

Pris pour cible par un fonds spéculatif américain, Colt Telecom a choisi de riposter, et en plein soleil. L'opérateur britannique, dans un communiqué officiel, dénonce l'action entreprise par le fonds Highberry visant à le faire placer sous tutelle administrative pour éviter un défaut de paiement sur ses dettes obligataires. Highberry, filiale du fonds américain Elliott Group, assure détenir des obligations et des obligations convertibles émises par Colt. Il prétend, explique celui-ci, "que Colt ne sera pas capable de rembourser ou de refinancer ses obligations lorsqu'elles arriveront à échéance, entre 2005 et 2009" et que cette perspective justifie la nomination d'un administrateur provisoire par la justice. Jugeant "totalement sans fondement" ces allégations, Colt souligne qu'il dispose actuellement d'un milliard de livres de trésorerie, que son Ebitda (équivalent de l'excédent brut d'exploitation) augmente alors que ses investissements s'orientent à la baisse après l'achèvement de son réseau et qu'il prévoit de dégager son premier cash flow positif en 2005. Et enfin que "le conseil d'administration est confiant dans la capacité de Colt à rembourser ou à refinancer ses obligations lorsqu'elles arriveront à échéance". Dénonçant une manoeuvre visant selon lui à "un transfert injustifié de valeur des actionnaires aux créanciers obligataires", Colt se dit donc prêt à prendre "toutes les mesures nécessaire pour protéger les intérêts de ses actionnaires". Ceux-ci ne semblent pas prêts à céder à la panique : l'action Colt a terminé la séance de ce mercredi sur une hausse de 2,91%, à 35 pence. Un niveau qui reste néanmoins proche des plus bas historiques du titre.L'opérateur alternatif, qui a construit ces dernières années son propre réseau de fibres optiques de 13.000 kilomètres reliant 32 villes de treize pays européens, avait pourtant vu, ces derniers mois, son nom disparaître progressivement de la chronique des acteurs les plus menacés du marché des télécoms. Grâce notamment à... un autre fonds d'investissement, Fidelity Investments, devenu son premier actionnaire au printemps avec 54% du capital. Un actionnaire très puissant, qui a nommé des fidèles à la tête du groupe avec pour mission de réduire les dépenses : le plan présenté le mois dernier vise ainsi à réduire les effectifs de 16%, pour les ramener à 4.300 personnes.Les résultats financiers du groupe ont en outre montré de nets signes de redressement au cours des deux derniers trimestres publiés, avec une réduction de la perte avant impôt sur fond de progression de l'activité, même si celle-ci risque d'être remise en cause par la restructuration en cours. Le groupe a en outre racheté une partie de sa dette obligataire. Il ne présente donc pas a priori, aux yeux des investisseurs, le profil type de l'entreprise vouée à une conversion de sa dette en actions, opération qui diluerait fortement les actionnaires actuels, comme Marconi s'apprête à le faire.Si Highberry ne précise évidemment pas ses intentions finales en menaçant Colt de mise sous tutelle, il peut aisément être soupçonné de vouloir semer le doute sur la solvabilité du groupe pour faire chuter le cours de ses obligations - déjà échangées autour de 50% de la valeur d'émission - pour les "ramasser" à bas prix. Le redressement du groupe lui permettrait ensuite d'empocher une belle plus-value. Reste à savoir si la révélation au grand jour de ces manoeuvres suffira à Colt pour désamorcer l'opération.
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