Vivendi laisse le marché sur sa faim

"Rien de vraiment nouveau, même si le discours se veut rassurant": le sentiment de la société de Bourse Aurel-Leven reflète à merveille le sentiment général du marché au lendemain de la conférence de presse de Jean-René Fourtou et de son état-major sur la nouvelle stratégie de Vivendi Universal. Car si le nouveau PDG du groupe n'a pas véritablement raté son deuxième examen de passage - contrairement à celui du 14 août dernier, lourdement sanctionné par le marché - il n'a pas non plus pleinement répondu aux attentes des investisseurs. Cette insatisfaction s'est traduite, durant la majeure partie de la journée de jeudi, par une grande incertitude sur le cours du titre VU. En faible hausse pendant toute la matinée, l'action abandonnait 1,15% à la mi-séance, alors que le CAC 40 rebondissait de 2,4%. Mais en début d'après-midi, le titre se reprenait de nouveau, pour terminer la séance sur un gain de 6,55%, à 13,01 euros. Une envolée tardive sans doute permise par les nouvelles déclarations de Jean-René Fourtou, qui a manifestement déjà perçu le message du marché. Il a en effet profité de son audition par la commission des Finances de l'Assemblée pour apporter quelques "retouches" à son discours de mercredi. Précisant ainsi que la signature de la vente de Telepiu, la filiale italienne de Canal+, à News Corp, annoncée durant la conférence de presse mais démentie dans la soirée par le groupe australien, est une question d'heures ou de jours. Plus important, il a annoncé aux députés que VU espère atteindre le cap des cinq milliards d'euros de cessions - officiellement fixé pour la fin mars - avant la fin de cette année. Ainsi, le groupe se donne "quelques semaines" pour prendre une décision sur la vente de VU Publishing, la branche édition. En revanche, Jean-René Fourtou assure qu'aucune discussion n'est en cours sur l'hypothèse d'une vente des 42% de VU dans Vivendi Environnement. L'avenir de la participation du groupe dans sa filiale "historique" est l'une des grandes questions sur lesquelles le successeur de Jean-Marie Messier est resté flou mercredi, ses propos illustrant simplement une certaine tension entre lui et Henri Proglio, le PDG de VE.L'autre point sur lequel les analystes espèrent des précisions rapides est l'avenir des 44% détenus dans Cegetel. Jean-René Fourtou a simplement précisé que VU allait poursuivre l'étude de "toutes les solutions possibles qui seraient à la fois favorables à nos actionnaires et compatibles avec nos objectifs financiers prioritaires". Une tactique qui laisse ouvertes toutes les portes. Et qui constitue, pour les analystes de Global Equities, une "réponse de Normand". Une critique admise par le nouveau PDG : interrogé par Europe 1, il a reconnu ne pas avoir de "stratégie claire" sur Cegetel et VE, n'ayant pas eu le temps de se pencher sur ces dossiers en raison de l'urgence de la crise de liquidité de cet été. "Je commence", a-t-il ajouté. Reste à espérer que le marché sera assez patient pour le laisser mener sa réflexion jusqu'au bout.
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