Interpublic accumule les mauvaises nouvelles

On savait le marché publicitaire en mauvaise posture. On ignorait que le n°2 mondial, l'Américain Interpublic, était aussi mal en point. Le groupe, propriétaire entre autres de l'agence McCann-Erickson, qui gère des budgets colossaux parmi lesquels ceux de General Motors et Coca-Cola, enchaîne depuis quelques jours les mauvaises nouvelles. Résultats décevants, perspectives assombries, révision des comptes, baisse de la note financière, enquête de la SEC : le groupe semble accumuler toutes les difficultés possibles pour un grand groupe coté. Dans un communiqué publié après la clôture hier soir, le groupe a confirmé les mauvais résultats déjà évoqués la semaine dernière : le bénéfice du troisième trimestre n'a pas dépassé 7,5 millions de dollars, soit 2 cents par action, pour une marge brute (équivalent du chiffre d'affaires dans le secteur publicitaire) de 1,5 millliard, en recul de 7,4% par rapport à la même période de l'an dernier. La baisse organique (hors acquisitions) atteint 5,2%. S'abstenant de toute prévision d'activité pour les prochains mois, Interpublic a simplement indiqué qu'il n'espère plus, désormais, atteindre son objectif initial de bénéfice par action annuel, fixé entre 85 et 90 cents. Une déception qui s'explique, détaille-t-il, par "la mauvaise performance du troisième trimestre, les perspectives d'activité incertaines" et la hausse des coûts d'exploitation chez McCann-Erickson. Pire encore, le groupe, dont la capitalisation boursière est tombé sous les 5,5 milliards de dollars, contre 8,3 milliards pour le n°1 mondial WPP, a annoncé que la Securities & Exchange Commission (SEC) avait ouvert une enquête informelle sur ses pratiques comptables et notamment sur la révision des comptes annuels à laquelle il se voit contraint. Cette révision porte sur sept exercices (1996 à 2002) et plus de 180 millions de dollars, notamment des facturations entre différentes sociétés du groupe, principalement en Europe. Enfin, le groupe a annoncé qu'à la suite de sa dégradation par Moody's le 25 octobre, il était désormais limité dans ses capacités financières. L'agence américaine a ramené sa note sur Interpublic à Baa3, soit un cran au-dessus de la catégorie "junk bond" (obligation à haut risque). Tirant les conséquences de cette décision, l'assureur Prudential, l'un des principaux prêteurs du groupe, a amendé l'accord sur les facilités de crédit du groupe publicitaire. Une décision qui restreint notamment sa liberté en matière de fixation du dividende. Or "l'un des facteurs qui soutenaient le titre est le fait que son rendement était assez intéressant", explique David Doft, analyste de CIBC cité par Reuters. "Si le dividende est remis en cause, c'est un handicap de plus". Mercredi, le titre est sanctionné à Wall Street. A mi-séance, il recule de 1,76%, à 13,96 dollars. Il valait encore près de 35 dollars en avril.
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