Chirac réclame un plan européen d'aide aux télécoms

Que peuvent faire des autorités nationales appelées à la rescousse par les salariés et certains dirigeants d'un secteur économique sinistré ? L'une des premières réponses est très simple : en appeler elles-mêmes à la solidarité européenne. C'est ce que vient de faire Jacques Chirac, en adressant à la Commission de Bruxelles une demande d'initiatives communes destinées à venir en aide au secteur des télécommunications. La missive adressée à Romano Prodi, le président de la Commission, rendue publique par l'Elysée, réclame ainsi "des propositions en vue d'une réponse coordonnée, rapide et efficace au niveau européen", notamment pour "promouvoir le développement de la téléphonie mobile de troisième génération", l'UMTS. Le chef de l'Etat poursuit donc la démarche entamée la semaine dernière lors sa rencontre avec le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen, dont le pays préside l'UE. Il espère que la Commission pourra soumettre ses propositions au sommet européen de mars prochain. Paris n'entend évidemment pas se contenter du rôle de demandeur : la France "transmettra prochainement" une première contribution sur ce sujet, assure Jacques Chirac. Lors du dernier sommet de Bruxelles, le 25 mars, le président français avait annoncé son intention de saisir ses pairs pour aider un secteur qu'il décrivait "en ruines", après la suppression de 200.000 emplois et en raison de l'endettement colossal accumulé par les principaux opérateurs, notamment lors de l'achat des licences UMTS en 2000. Les pays européens ont été "trop optimistes" sur le développement de l'UMTS, "ce qui a conduit à effectuer des ponctions très lourdes et totalement disproportionnées" sur les opérateurs lors de l'attribution des licences, estime-t-il aujourd'hui . "Les conséquences en sont aujourd'hui très sévères", poursuit-il, et contribuent au ralentissement de l'ensemble de l'économie européenne. Il est vrai que Paris est bien placé pour éprouver la profondeur de la crise : propriétaire de 54,5% du capital de France Télécom, l'Etat français doit encore trouver une solution viable pour l'opérateur, qui détient la palme de l'entreprise la plus endettée du monde et dont l'action a chuté de 80% depuis le début de l'année. Dans ce contexte, l'initiative de Jacques Chirac vise à préparer les esprits bruxellois à des mesures d'aide à France Télécom susceptibles d'être contestées par des concurrents ou par la Commission elle-même. Ou à inscrire à l'avance ces mesures - recapitalisation, garantie apportée à un nouvel emprunt, etc - dans le cadre d'une action coordonnée des Quinze.
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