NTT DoCoMo continue de payer sa boulimie à l'international

A l'heure où Bouygues Telecom s'apprête à lancer l'i-mode sur le marché français, le concepteur japonais de ce service "light" d'Internet mobile est à la peine financièrement. NTT DoCoMo, numéro un du marché du mobile au Japon, vient de publier un bénéfice net semestriel en recul de 95,3%, et a revu à la baisse ses perspectives pour l'ensemble de l'exercice.Sur les six premiers mois de 2002-2003, le profit du géant nippon est tombé à 4,17 milliards de yens, c'est à dire 34,12 millions d'euros seulement. Soit 21 fois moins que sur la même période de l'an dernier ! Et la croissance ne suffit pas à compenser cette mauvaise performance, bien au contraire : le chiffre d'affaires n'a progressé que d'un maigre 1,9% sur la période avril-septembre, à 2.380 milliards de yens (19,5 milliards d'euros).Pour l'ensemble de l'année fiscale qui s'achèvera le 31 mars, NTT DoCoMo ne prévoit plus désormais qu'un résultat net de 182 milliards de yens, près de trois fois moins que les 511 milliards évoqués au printemps dernier. La cause de cette dégradation rapide n'est pas nouvelle : les 1.900 milliards de yens (15,5 milliards d'euros) investis dans des prises de participations majoritaires ou minoritaires à l'étranger ont abouti à des dépréciations massives ces derniers mois. Qu'il s'agisse d'AT&T Wireless aux Etats-Unis, de KPN Mobile aux Pays-Bas ou d'Hutchison 3G au Royaume-Uni, le groupe a vu ses participations à l'étranger, censées constituer un nouveau moteur de croissance, se déprécier au contraire rapidement, pesant ainsi sur ses capacités d'investissement. Au total, les charges pour dépréciation des participations ont atteint 309,6 milliards de yens sur le semestre.Malgré ce coût faramineux, le groupe n'entend pas renoncer au développement international, bien au contraire : "L'Europe et les Etats-Unis sont déjà couverts. En Asie, nous n'avons des partenaires qu'à Hong Kong et Taiwan. Nous aimerions progresser avec des alliances dans d'autres pays asiatiques ayant des liens étroits avec le Japon", a expliqué son président, Keiji Tachikawa. Ces alliances pourraient prendre la forme de prises de participations ou de rachats purs et simples. A des prix, on l'imagine, bien inférieurs à ceux déboursés il y a deux ans et demi sur les marchés européen et américain. DoCoMo a par ailleurs décidé de réduire son budget d'investissement à 891 milliards de yens sur l'ensemble de l'exercice en cours, soit 7% de moins qu'envisagé. Et il doit aussi faire face au démarrage bien plus lent que prévu de ses services de troisième génération: alors qu'il tablait sur 1,38 million d'abonnés à la fin mars, il a sévèrement abaissé ses prévisions, désormais chiffrées à 320.000 clients. Le chiffre d'affaires mensuel moyen par abonné est lui aussi inférieur aux attentes : il ne devrait pas dépasser 7.980 yens, au lieu des 8.030 attendus.En dépit de ces résultats peu encourageants, NTT DoCoMo, avec 58% du marché mobile japonais, soit 42,16 millions d'abonnés (dont 34,88 adeptes de l'i-mode) reste un groupe à l'exploitation très rentable. Le bénéfice opérationnel affiche une hausse de 17,5% sur six mois, à 640 milliards de yens.Les dirigeants du groupe, dans une démarche encore rare chez les opérateurs européens, ont immédiatement tiré les conséquences des mauvaises performances : ils ont annoncé que leurs propres salaires seraient réduits de 20% sur les six prochains mois.
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