Le nettoyage des écuries d'Augias continue. Qwest, l'opérateur régional américain empêtré dans ses irrégularités comptables, révèle petit à petit l'ampleur des "oublis" des dernières années, qui l'obligent à réviser peu à peu l'intégralité des résultats des trois derniers exercices. Rien n'est encore définitif, mais le groupe de Denver a dressé hier un nouveau rapport d'étape impressionnant par l'ampleur de la révision comptable à accomplir. Au total, les charges exceptionnelles couvrant les survaleurs liées aux acquisitions et la dépréciation des actifs pourrait ainsi atteindre 40,8 milliards de dollars ! A côté, la révision du chiffre d'affaires des exercices 2000, 2001 et 2002, qui atteindra quand même 531 millions de dollars au total, passe presque inaperçue.Dans le détail des charges exceptionnelles, Qwest précise qu'il devrait inscrire dans son bilan une charge de 24 milliards de dollars au titre des survaleurs (écarts d'acquisition) dans les comptes 2002, en application des nouvelles normes comptables SFAS 142. A ce chiffre, dont le calcul est fondé sur la valorisation des actifs concernés au 1er janvier dernier, pourraient s'ajouter 6 milliards représentant la dévalorisation supplémentaire intervenue depuis le début de l'année. La seconde ligne du chapitre "charges exceptionnelles" concerne la dévalorisation du réseau de fibre optique à haut débit de Qwest, qui atteint 8,1 milliards, et celle des portefeuilles de clientèle et des technologies du groupe, pour 2,7 milliards. Soit au total, 40,8 milliards de dollars sur le seul exercice 2002. L'autre volet de la révision des comptes des trois derniers exercices - y compris l'exercice en cours - porte sur le chiffre d'affaires issu des accords d'échanges de capacités optiques conclu avec d'autres opérateurs. Ces échanges - en réalité la mise à disposition du réseau à d'autres opérateurs en échange de l'accès à leurs propres fibres optiques - a longtemps conduit les groupes concernés à comptabiliser à l'avance des "ventes" pas toujours réalisées par la suite. La nouvelle révision à la baisse du chiffre d'affaires de Qwest atteint 531 millions de dollars et porte à 1,48 milliard la réduction du chiffre d'affaires comptabilisé depuis le 30 juin 2000. Il faut ajouter à ce montant 120 millions de dollars retranchés du chiffre d'affaires de la division mobile du groupe pour les années 2000 et 2001 "pour reflèter correctement l'impact de certaines campagnes de promotions offrant des équipements supplémentaires et des minutes de communication", explique le groupe.Alors que Qwest reste dans le collimateur de la SEC, le gendarme de Wall Street, et dans celui du département américain de la Justice, qui mènent des enquêtes parallèles sur ses méthodes comptables, l'accumulation de ces corrections risque d'avoir des effets contradictoires : tout en reflétant la volonté nouvelle de transparence et de rupture avec le passé trouble du groupe, elles soulignent l'ampleur du désastre et accroissent la confusion des investisseurs. KPMG, le nouvel auditeur de Qwest après la rupture avec Andersen, aura donc fort à faire pour restaurer la crédibilité du groupe.En milieu de séance à Wall Street, au lendemain de la publication de ces chiffres, l'action Qwest cédait 4,6% à 3,30 dollars. Le titre était tombé en juillet tout près de la barre symbolique d'un dollar.

latribune.fr

20 Oct 2008, 3:56

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